Bert, le patron d’Anita Blake, se voit proposer une offre des plus juteuse : ranimer tout un cimetière de morts très anciens en échange d’un pactole conséquent. Un gros contrat en perspective auquel la célèbre réanimatrice répond favorable. L’exécutrice de Saint Louis se rend donc sur place où son intervention est censée régler un conflit entre un promoteur et une vieille famille locale. Mais à peine arrivée, elle découvre qu’un tueur en série, nécrophile et armé d’une arme blanche, fait des ravages dans le coin en cherchant à dissimuler sa véritable nature.
Cette cinquième aventure de la série crée par Laurel K Hamilton est l’une de mes préférées parmi les volumes traduits chez nous à ce jour. Les raisons de ce favoritisme sont nombreuses : tout d’abord, il y a l’ambiance très réussite au service d’une intrigue qui oscille lors de sa première partie entre enquête policière et traque du surnaturel. Oubliez les rues habituelles de Saint Louis, on se retrouve cette fois-ci transporté dans un cadre forestier et quelque peu retiré, dans lequel les croyances les plus sombres sont prêtes à ressurgir de l’oublie, surtout quant une série de meurtre à l’épée s’y perpètre.
Le rythme du récit s’en trouve dosé à la perfection. Les évènements s’enchaînent en faisant monter la tension crescendo. La première partie de l’histoire se voit dénuée de toute présence vampirique, cette dernière n’étant que suggérée par la mise en scène de crimes terrifiants. En même temps que la réanimatrice, le lecteur découvre ainsi une succession de meurtres hors du commun et s’interroge sur la cause de pareils carnages. Vampire ? Pas vampire ? La seconde partie, plus classique, met quant à elle davantage l’accent sur les relations entre Anita et les vampires, qui tournent souvent court et ne manquent jamais d’action.
Les vampires, justement, qui plus que jamais, sont mis à l’honneur dans ce tome. Le roman offre une galerie de personnages aussi inquiétants que malsains : le cruel Janos et ses répugnantes compagnes, l’effroyable Xavier adepte des crimes pervers, la redoutable Seraphina et ses ambitions démesurées… Les maîtres vampires aux pouvoirs aussi variés qu’incommensurables foisonnent ! On en apprend ainsi beaucoup sur leurs façons de penser, les aspirations qui animent ces derniers, leur organisation hiérarchique, leurs faiblesses… Le Squelette Sanglant est aussi l’occasion d’assister à une chasse aux vampires nocturne dans les bois, menée par l’exécutrice et une poignée de policiers : frissons et rebondissements garanties !
Certains des personnages habituels de la série répondent bien sûr à l’appel, tels que l’incontournable Jean-Claude, le loup-garou Jason et Larry, le jeune assistant d’Anita. À propos de ce dernier, le rôle qu’il se voit attribuer est des plus intéressant : il s’efforce de maintenir sa collègue et mentor dans le droit chemin, n’hésitant pas pour cela de lui servir de conscience dans les moments cruciaux. Anita qui commence, de son côté, à se sentir partagée entre le bien et le mal tandis qu’elle découvre la différence qui la sépare des humains dit « normaux ».
Sans en révéler plus que nécessaire, signalons la présence d’autres créatures fantastiques telles que Dorcas et Magnus Bouvier, les étonnants propriétaires du restaurant du Squelette Sanglant, ainsi que la maléfique créature qui les poursuit de sa malédiction. Du suspens, de l’action, du charme, des personnages charismatiques… Cette cinquième aventure un peu hors série est une réussite sur tous les plans. Une leçon de littérature bit-lit que l’on peut découvrir même si on n’est pas trop familier des opus précédents de la série.