Traduction : Gilles Goullet
Richard, l’ex-fiancé d’Anita Blake, également Ulfric de la meute de loups-garous de Saint Louis, se voit accuser de viol alors qu’il étudie une tribu de trolls dans le Tennessee. Lorsque Daniel Zeeman, le frère de l’inculpé, prévient la célèbre exécutrice de l’arrestation, celle-ci n’a qu’une hâte : rejoindre le détenu afin de le sortir de sa cellule. Problème : la ville de Myerton où se trouve enfermé le professeur est placé sous l’autorité de Colin. Le maître vampire redoute de voir réunis sur son territoire deux des émissaires qui forment le formidable triumvirat de Jean-Claude et interdit par conséquent l’accès à sa ville sous peine de représailles.
Anita ignore l’avertissement explicite et décide malgré tout de se rendre aux côtés de son ami. Comme Jean-Claude ne peut l’y accompagner sans risquer de déclencher une guerre ouverte, il désigne à sa servante humaine une escorte composée de métamorphes et de vampires. Arrivée sur place, la jeune femme fait connaissance avec Verne, le chef de meute local ainsi que du shérif Wilkes et ses adjoints qui semble compromis dans une transaction immobilière des plus louches. L’enjeu du conflit entre les autorités locales et Richard semble être un lopin de terre sur lequel a élu résidence une des dernières tribus trolls des Etats-Unis.
Ce huitième tome des aventures d’Anita Blake se déroule une nouvelle fois hors de Saint Louis, ce qui est l’occasion de découvrir une foule de nouveaux personnages et un cadre moins urbanisé. La ville de Myerton se trouve sous la coupe de Colin, un maître vampire inférieur à Jean-Claude qui craint de se voir évincer par ce dernier. Faisant fi des menaces qui pèsent sur sa venue, l’exécutrice part libérer le mâle alpha accompagnée par ses léopard-garous et des membres de la meute à Richard. Surtout, elle peut compter sur le soutien de Damian et Asher, deux vampires anciens qui doivent veiller à sa protection sous peine de mort.
Si les nouveaux vampires qui font ici leur apparition ne sont pour une fois pas aussi puissant que les buveurs de sang rencontré dans les volumes précédents, ils n’en restent pas moins nombreux, dangereux et hostiles. Colin a notamment le pouvoir de manipuler à sa guise la peur chez ses ennemis. Mais le plus inquiétant demeure Barnaby, son sinistre bras droit qui manifeste la capacité d’empoisonner ses proies par morsures et d’engendrer chez elles une décomposition des plus virulentes qui n’épargne ni les vampires ni les métamorphes. Fait intéressant, cet immortel qui a la fâcheuse tendance à pourrir sur ses adversaires peut se recomposer à volonté et se montre assez résistant face aux effets répulsifs d’un crucifix.
Comme il est de coutume dans cette série, Anita voit ses relations avec ses amants évoluer : les fans seront surpris de voir sa liaison avec Richard prendre un nouvel essor, tandis qu’elle réalise qu’Asher, le vieil ami français d’un Jean-Claude mis en retrait pour l’occasion, ne la laisse pas indifférente, malgré son physique endommagé par l’eau bénite. Laurell K. Hamilton prend plaisir à entourer son héroïne de tout un harem de mâles aux charmes qui ne manquent pas de troubler la jeune femme pourtant prude. Bien que pullulant, aucun personnage n’est délaissé et chacun bénéficie d’un traitement fouillé. Cette méticulosité offre ainsi un panel de caractères et de physiques très diversifié apte à séduire le plus grand nombre de lecteurs. Frank Niley, un humain négociant en art, et ses acolytes adeptes des sacrifices humains complètent pour leur part la galerie des méchants à l’ordre du jour en supplément des flics ripoux et de la bande vampirique à Colin .
Humour, sensualité et intrigues fantastiques développent avec toujours la même efficacité les péripéties de la fameuse nécromancienne. Celle-ci ne cesse de se découvrir de nouveaux pouvoirs surnaturels par le biais des marques qui la lient à ses deux soupirants. Anita essaie également de se débarrasser de l’esprit de la défunte Raina qui la hante encore, les coutumes des loups-garous sont explorés de façon plus approfondie, action et frime sont de rigueur… Les lecteurs familiers à cette série se trouveront donc en terrain connu et regretterons peut-être seulement un certain manque d’audace, voir d’imprévu dans ce tome. Toutefois, l’auteur démontre un plaisir visible à esthétiser son univers qu’elle développe toujours davantage et livre une nouvelle fois une copie impeccable bien qu’un tantinet routinière. Une œuvre accrocheuse quoi qu’il en soit, qui assure un plaisir de lecture de la première à la dernière page.