Traduction : Benoît Domis
Toujours indécise quant au choix déchirant qu’elle se voit imposer, c’est-à-dire décider qui de Richard ou Jean-Claude restera à ses côtés, Anita Blake reçoit la visite d’un maître vampire du nom de Sabin. Ce dernier est en proie à une maladie vampirique pour le moins répugnante qui ronge son corps à une vitesse foudroyante. Il requiert les services de la nécromancienne dans l’espoir que celle-ci puisse lui venir en aide. La jeune femme a cependant d’autres soucis en tête car un commanditaire anonyme a mis sa tête à prix afin de la voir trépasser dans les vingt-quatre heures.
L’Exécutrice devra ainsi couvrir ses arrières tout en débusquant celui qui aspire à la voir périr de façon aussi radicale et expéditive. La lutte au sein du clan lycanthrope se poursuit de son côté, plus intense que jamais, et Richard tente d’accepter l’éventualité de devoir tuer Marcus s’il souhaite réellement prendre sa place et régler un conflit de succession qui n’a que trop duré. C’est dans ce contexte pour le moins explosif que Jean-Claude, le maître de la ville, ouvre les portes de son nouveau club privé : la Mortelle séduction.
Cette sixième aventure d’Anita Blake marque un tournant dans la vie privée de cette dernière et jette les bases quant à son avenir. Le personnage créé par Laurell K Hamilton sombre progressivement dans la violence et se détache de la multitude de cadavres qu’elle sème derrière elle. Ses pouvoirs nécromantiques prennent une ampleur hors du commun et se révèlent capables de maîtriser aussi bien les zombies que les vampires en sommeil durant la journée. L’état dans lequel se trouvent les buveurs de sang à ce moment précis, proche plus que jamais de la mort, est par ailleurs abordé de façon détaillée et crédible, en partie grâce aux questions qui sont soulevées. Où va l’âme d’un vampire en journée alors qu’il repose dans son cercueil ? Quelle sorte de magie lui permet de revenir à la vie à chaque crépuscule ? Et surtout, à quelles fins Anita a-t-elle l’intention de faire usage de ce contrôle ?
La relation entre la réanimatrice et ses deux amants prend, elle aussi, une envergure nouvelle. On y voit notamment la jeune femme saisir la nature réelle de Richard, celle d’un loup-garou Ulfric – autrement dit un dominant – avec tout ce que cela comporte. Jean-Claude se montre toujours fidèle à lui-même : volage, irritant, difficile à cerner dans les sentiments qu’il nourrit à l’égard de sa protégée. Les tensions qu’engendre ce ménage à trois sont plus vives que jamais, surtout que la puissance dégagée par cet improbable triumvirat est loin d’être négligeable. Le trio se trouve dans l’obligation de se côtoyer de près afin de tirer chacun profit de cette puissance insoupçonnée.
Le cas de Sabin, un maître vampire qui, par amour, a cessé de se sustenter de sang humain est lui aussi des plus intéressants. L’immortel est atteint d’une dégénérescence virulente qui le défigure et liquéfie son corps un peu plus chaque jour. Accompagné de Dominic Dumare, nécromancien de son état, il espère que les talents d’Anita Blake pourront lui venir en aide. Une maladie capable d’atteindre de vieux vampires et détruire au sens propre leur enveloppe charnelle est réellement une idée brillante de la part de l’auteure qui ne cesse d’alimenter son intrigue d’une richesse indéniable.
L’histoire introduit comme de coutume son lot de nouveaux personnages et c’est encore une fois un plaisir que de retrouver d’autres plus anciens tel que l’inquiétant Edward, Raina et le psychotique Gabriel. Des tueurs à profusions, du danger, l’ouverture d’un club vampirique en toile de fond… suivre les péripéties d’Anita se révèle toujours aussi jouissif et Mortelle séduction ne déroge pas à la qualité habituelle de la série. Le bouquin parvient à distiller une certaine sensualité au travers de scènes à l’érotisme pour le moins décalé qui participent à donner cette aura si particulière à l’œuvre de Laurell K Hamilton. Une lecture indispensable pour les amateurs de bit-lit.