Traduction : Gilles Goullet
Suite à la mort de monsieur Oliver, le Conseil vampirique dépêche des envoyés sur place à Saint Louis. Le vampire homo erectus, vieux de plus d’un million d’années que vainquit Anita Blake, se trouvait être en réalité le Trembleterre, un des membres d’honneur de l’institution toute-puissante que représente le fameux Conseil. Ce dernier, composé de sept sièges, régit sans pitié les lois du monde vampirique et de leurs sujets. Cet ordre désire à présent que Jean-Claude accepte d’occuper la place vacante à ses risques et périls.
Plus grave, Asher, une des anciennes connaissances du maître de la ville, refait surface. Assoiffé de vengeance, il pousse les anciens du conseil à soupçonner à tort le vampire d’œuvrer à la création d’un nouveau mouvement d’immortel, plus ancré dans l’air moderne. Intrigues, menaces, intimidations… Anita et ses proches ignorent s’ils seront capables de surmonter les mœurs aussi sadiques que sanglantes de leurs redoutables invités.
En parallèle, la réanimatrice fait office de consultante auprès des pompiers de la ville. Ceux-ci sont confrontés à un pyromane, un « ver luisant » dans leur jargon, qui incendie les refuges des buveurs de sang tout comme ceux des métamorphes. Détail pour le moins étrange, le criminel semble doté de pouvoirs kinétiques hors normes.
Comme si cela ne suffisait pas, Anita se voit contrainte de prendre sous sa protection le clan des léopards-garous. Puisque la jeune femme a supprimé Gabriel, leur chef, lors de la précédente aventure, c’est à elle que revient le rôle de dominant. Ce statut ne manque pas d’entraîner une foule d’obligations et de contraintes pour le moins cocasses.
Offrande brûlée marque une escalade significative des tendances parfois glauques que revendique la série : viols et tortures y sont suggérées, certains personnages se voient mutilés… le ton s’adresse donc à un public assez mâture. Les rapports entre les divers protagonistes, basés sur la domination, sont souvent mâtinés de penchants sadomasochistes, avec des jeux de séductions et des codes vestimentaires sans ambiguïtés. Le style sans concession de l’auteure, sa marque de fabrique, demeure ainsi un régal à lire, même si les rouages de ses intrigues démontrent quelquefois une certaine redondance. Le voyageur, Padma le maître des bêtes, Yvette et surtout Asher incarnent dans cet épisode des rivaux toujours plus dangereux, dotés de pouvoirs surprenants dont ils n’hésitent pas à faire usage de la pire des manières.
Cette septième aventure de l’Exécutrice fait la part belle aux descriptions des protocoles vampiriques, à la façon musclée avec laquelle les maîtres vampires négocient entre eux, à la place nouvelle que tiennent les créatures fantastiques au sein de la société humaine et les inévitables discriminations dont elles font l’objet… Néanmoins, les péripéties d’Anita n’oublient pas de laisser une place pour l’humour, sans oublier la présence de scènes d’actions trépidantes qui génère un regain de dynamisme chapitre après chapitre. En fait, la série tire en grande partie ses forces de sa capacité à jouer adroitement sur plusieurs registres audacieux. Une manœuvre qui se révèle toujours payante et digne d’intérêt dans le tome présent. Avec sa maestria, la lecture d’Offrande Brulée ne peut que réjouir les dévoreurs de bit-lit.