Sang Noir, 16e aventure d’Anita Blake (eh oui, déjà) est l’occasion de mettre au premier plan le personnage de Jason Schuyler, un métamorphe qui gravite dans l’entourage de la Réanimatrice depuis les débuts de la série. Jason est l’un des loups-garous récurrents de la série, il a pris part à de nombreuses aventures de l’héroïne fétiche de Laurell K Hamilton. Il était donc temps de découvrir la vie privée et les démons d’un homme sur lequel on connaissait finalement peu de choses.
Nous quittons les rues de Saint-Louis pour ce nouveau roman, afin de partir en direction de la Caroline du Nord, le fief de la famille Schuyler. Anita accepte d’accompagner son ami sur une idée de Nathaniel, afin de le soutenir dans les adieux houleux qui s’annoncent avec son père. La jeune femme va ainsi découvrir dans quelles conditions a grandi la Pomme de sang de Jean-Claude. Ses rapports familiaux n’ont rien de bien idéal et le voyage va être l’occasion pour Anita de mieux comprendre certains traits de caractère propres à Jason, ainsi que déterminer la nature exacte des sentiments qu’elle éprouve à son égard.
Car il est beaucoup questions de sentiments tout au long de ce nouveau tome de la tueuse de vampires, ainsi que de problèmes métaphysiques. La sensualité et le sexe sont omniprésents, mais sans exagération. L’histoire dépayse, avec une Anita plus protectrice et en proie au doute que jamais. L’intrigue se révèle dans un premier temps assez prenante, puisque Jason est le sosie parfait de Keith Summerland, l’un des fils du gouverneur Summerland en lice pour accéder à la Maison Blanche. À peine arrivée à Asheville, Anita et Jason apprennent à leurs dépens que Keith est sur le point de se marier. Sauf que la ressemblance des deux jeunes hommes, pourtant radicalement opposés niveau personnalité, ne va pas être sans provoquer de fâcheux incident : gardes du corps collant, journalistes en quête de scandale… À cause de cet amalgame, le couple débarqué de Saint-Louis se retrouve piégé au cœur d’une tempête médiatique dont ils se seraient bien passés.
La première impression procurait par le roman est enthousiaste : après quelques chapitres faisant la part belle à l’érotisme si cher à l’auteure, le fan est propulsé dans une aventure qui promet de belles heures de lecture en perspective. Sauf qu’arrivé à la moitié de l’histoire, il semble que les héros font du surplace. Ce piétinement ralentit le rythme du récit, même si l’ensemble demeure distrayant. Heureusement que la dernière partie du tome redynamise tout ça et permet aux évènements de s’enchaîner avec de l’action et des rebondissements.
Sang Noir est finalement un volume d’Anita Blake très représentatif de la série. On retrouve des personnages important tels que Richard, Jean-Claude dans une moindre mesure, Marmée Noire qui continue à étendre ses ténèbres sur l’héroïne, Nathaniel… On découvre aussi de nouveaux intervenants en la présence d’un duo de Tigres-garous. N’en reste pas moins que le roman verse parfois un peu trop dans les bons sentiments et les discussions à battons rompus sur l’oreiller, une surenchère d’intimité qui ne gênera pas outre-mesure les habitués de la série. L’histoire se suit avec plaisir malgré quelques lenteurs, et les nouveaux méchants auxquels se trouve confrontée l’Exécutrice pimentent juste ce qu’il faut cette 16e aventure, même s’ils apparaissent tardivement. Faute de se renouveler, Sang Noir se révèle très divertissant pour les lecteurs qui suivent fidèlement les aventures d’Anita, et qui en redemandent. Parce que malgré certains bémols, cela fait toujours autant plaisir de s’immerger dans l’univers de Laurell K Hamilton et son style qui n’appartient qu’à elle.