Diana Bishop est la dernière d’une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu’au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : L’Ashmole 782. Elle ignore alors qu’elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous – démons, sorcières et vampires – le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu’énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve très vite au coeur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.
Un univers remplis de créatures comme démons, vampires et autres sorcières, un grimoire séculaire recherché par tous, un vampire aussi intriguant qu’effrayant. Bref, s’il n’y avait eu la communication pour le moins efficace des Editions Orbit sur ce roman, je ne suis pas sûr que son pitch seul aurait suffit à le détacher de la production actuelle, tant ces différentes caractéristiques ont un côté rabattu. Sauf qu’il est encore possible de faire du neuf avec ces idées, Deborah Harkness et son premier roman en est un bon exemple.
Sans pour autant être le livre de l’année, ni révolutionner les mythes qu’il aborde, Le livre perdu des sortilèges est un premier tome à la plume agréable, qui met peu à peu en place les différentes éléments d’une intrigue tentaculaire, mâtinée d’alchimie, de médecine et d’histoire. L’aspect historique, c’est notamment à travers la présence centrale d’une héritière de la famille Bishop (Bridget Bishop est une des jeunes filles qui finira exécutée lors des affaires de sorcelleries à Salem), et d’un vampire plus que millénaire. L’aspect romance est certes très présent, mais la manière dont il s’intègre peu à peu à l’intrigue permet de le crédibiliser, sachant qu’on ne tombe jamais ni dans la mièvrerie, ni dans la surenchère (ce qui semble devenir difficile par les temps qui courent).
Si les évolutions de certains personnages sont un peu rapides (notamment pour l’héroïne), et que l’auteur a quelques soucis avec la géographie française (non, Lyon n’est pas en Auvergne), on peut difficilement prétendre ne pas accrocher un tant soit peu à cette histoire bien menée. L’auteur alterne de manière relativement efficace des passages plus lents où sont peu à peu distillés les clés de l’intrigue, avec des moments d’actions plus rythmés, où les personnages se révèlent peu à peu. L’univers recèle des idées originales, et un bon travail de cohésion permet de mélanger vampires, démons et sorcières et leur offrir un monde commun.
Les vampires de cet opus ne craignent pas grand-chose, sinon la décapitation. Ils n’éprouvent pas de difficultés particulière à se mouvoir la journée, mais préfèrent les espaces ombragés. Boire du sang leur permet de conserver leur faculté et assurer leur pérennité, mais ils ne sont pas obligé de s’abreuver de sang humain. Lorsqu’il se nourrissent, ils deviennent des animaux instinctifs qui ont beaucoup de mal à se maîtriser. Un vampire considère son créateur comme un parent biologique, une vraie relation de filiation existant entre un sire et son infant. Leur sang a par ailleurs le pouvoir d’endormir ceux qui le boivent, mais seul l’échange de sang permet la création d’un nouveau vampire. trois d’entre eus siègent à la Congrégation, dont l’objectif est de maintenir intact le pacte qui les lient avec les sorcières et les démons.
Un premier roman à l’intrigue prenante, qui offre un univers constitué de certaines caractéristiques qu’on a déjà pu rencontrer ici et là, mais qui est mis en scène avec une certaine fraicheur, malgré quelques facilités au niveau de l’évolution des personnages. Une agréable surprise quoi qu’il en soit, par une jeune auteur débutante qui montre d’emblée qu’elle a de la suite dans les idées. J’attends de voir si le second tome, qui devrait voir mûrir son style, confirme la chose.
Même réflexion pour Lyon en Auvergne, il y a d’autres erreurs mais celle-ci est flagrante. J’ai beaucoup apprécié ce roman, maintenant il faut attendre la suite pour avoir VRAIMENT de l’action.