Traduction : Cécile Legrand-Ferronnière
Les vampires vivent désormais parmi les humains grâce au sang de synthèse, un substitut qui leur permet de se nourrir sans tuer. Mais la méfiance règne toujours à Bon Temps, petite ville du sud de l’Amérique profonde. L’arrivée de Bill, ténébreux vampire du XIXe siècle va bouleverser la vie de la jeune serveuse télépathe, Sookie, d’autant qu’une vague de crimes s’abat sur la ville.
Ce premier tome fait office d’introduction à la série de romans crée par Charlaine Harris. L’auteure y pose les bases de son univers et met en lumière le passé de Sookie ainsi que les pouvoirs télépathiques qui sont siens. Une pléthore de personnages en profite pour faire son apparition : l’étrange Sam patron de bar, Bill le vampire, Jason le frère playboy, Eric le vampire viking, Arlène la meilleure amie… autant de caractères parfois cocasses qui gravitent autour de l’héroïne et ne manquent pas de tisser une intrigue où imbroglios et rebondissements foisonnent.
Bon Temps, la petite ville du sud des Etats-Unis dans laquelle se déroule le gros de l’histoire, est un cadre isolée de l’Amérique profonde, propice aux ragots et potins de toutes sortes, à la méfiance des autochtones envers les inconnus, à la revendication de certaines valeurs dépassées… Le bar Chez Merlotte, établissement incontournable du récit, fait quant à lui office de point de chute aux protagonistes, un No man’s land débridé en quelque sorte.
Le sang de synthèse mis sur le marché semble un compromis intéressant à l’hémoglobine naturelle. Cette innovation qui se destine à faciliter l’intégration sociale des vampires – qui ne sont ainsi plus contraints de chasser pour se nourrir, se veut rassurante envers les populations humaines. Bien sûr, le produit est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté d’immortels auquel il se destine, surtout chez les plus dangereux.
Les vampires de la série bénéficient d’un traitement on ne peut plus classique. C’est ainsi qu’ils arborent bien sûr le soleil, sont vulnérables aux flammes ainsi qu’à l’argent qui les affaiblies beaucoup. Originalité tout de même, le virus du sino-sida dont sont porteurs certains humains a pour conséquence de les affaiblir grandement après ingestion. Sans oublier que pour une fois, les buveurs de sang sont les cibles de « saigneurs », des criminels qui drainent leur précieux sang afin le revendre sur le marché.
Un sang assimilé à une drogue qui a pour effet de guérir les blessures comme d’améliorer le physique du consommateur après plusieurs absorptions. Chaque vampire développe des talents distinctifs : force, aptitude à voler dans les airs, rapidité… Ils sont de plus capables d’hypnotiser leurs proies afin de les charmer ou dissimuler l’éclat singulier de leur peau.
La série n’est pas une nouveauté de première fraîcheur puisque datant de 2001 et éditée en France depuis 2005 aux éditions J’ai lu. C’est à la récente adaptation télévisée d’Alan Ball que l’on doit un regain d’intérêt pour l’œuvre écrite de Charlaine Harris. Et à ce sujet, quelques points sont à préciser. Si les grandes lignes de l’intrigue de ce premier tome sont parallèles au déroulement de la première saison de True Blood, la narration papier est suivie du point de vue de Sookie.
Conséquences du roman : les péripéties croustillantes de protagonistes tels Jason ou Lafayette, en retrait de l’histoire, passent à la trappe ou dans le meilleur des cas, ne sont que vaguement évoqués. Ajoutons que certains personnages télé n’existent pas tel que Tara (remplacé dans le rôle de la meilleure amie par Arlène) Ces différences font qu’il n’est pas obligatoire que les inconditionnels du format visuel tombent systématiquement sous le charme de l’œuvre originale papier et vice versa.
Néanmoins, il ne faut pas s’y tromper, ce que la série littéraire fait perdre de charisme à quelques-uns de ses héros ou en anecdotes, elle le gagne en profondeur et en crédibilité. Sookie est présentée comme une jeune femme naïve qui ne demande qu’à s’émanciper et à gagner en maturité. De ce fait, le côté irrévérencieux revendiqué par l’adaptation télé répond à l’appel dans ce tome mais de façon moins prononcée, remplacé par une légère touche fleur bleue et une profusion de détails. Malgré cela, cette savoureuse histoire où vampires et humains cherchent à cohabiter est assurément à découvrir. Accrocheuse, elle offre une tranche de lecture aussi facile que distrayante à côté duquel il serait dommage de passer.
À mon avis, les livres de Charlaine Harris valent réellement le détour. L’auteur a su mêler de façon habile la romance et la dimension vampirique. Bien que je ne sois pas une grande lectrice, j’ai tout bonnement dévoré les trois premiers tomes de la série et ce, sans jeu de mots. Je trouve que le personnage de Sookie, l’héroïne, a quelque chose d’attachant avec son côté un peu naïf et son sens de l’humour dans les moments les plus dramatiques. Un autre point d’intérêt de cette série est le fait que les vampires soient présentés comme des personnages qui évoluent dans la société sans cacher ce qu’ils sont. C’est un trait distinct de ce roman qu’on retrouve rarement dans les autres romans qui traitent de vampires. Personnellement, j’ai préféré la version littéraire à celle du petit écran. En effet, bien que la version télévisuelle ait ses bons points, notamment le fait que les réalisateurs aient approfondis certains détails qui ne sont qu’effleurés dans le livre, je trouve qu’il manque réellement le coté narratif du personnage de Sookie que l’on retrouve dans le livre. Tout en racontant l’histoire, elle laisse, ici et là, des commentaires parfois sans lien direct avec ce qui se passe autour d’elle, mais toujours bienvenus parce qu’ils traduisent bien ses émotions. Les filles, surtout, apprécieront le côté romantique de la série.