Rachel Morgan est sexy, indépendante… et sorcière ! Elle gagne sa vie comme chasseuse de prime dans les allées sombres du Cloaque, la banlieue glauque de Cincinnati, et y débusque les créatures de la nuit qui enfreignent les lois. Les vamps et les garous ne lui font pas peur, et elle peut même s’en tirer contre un ou deux démons.
Sa mission se complique quand un mystérieux tueur en série se met à semer les cadavres sur son passage. Et pas n’importe quels cadavres : des spécialistes de la plus redoutable des magies noires… Affronter un mal ancien et implacable n’est pas un jeu d’enfants, et cette fois, Rachel aura de la chance si elle s’en tire sans y laisser sa peau… ni son âme.
Une bonne surprise que la lecture de cette seconde aventure de Rachel Morgan . La jeune sorcière et ses péripéties teintées d’urban fantasy dans lequel elle évolue se révèlent très attachantes. Ce genre de récit, qui tend à brasser plusieurs genres différents, nécessite un certain dosage des effets : suffisamment de fantaisie et d’humour sans tomber dans l’exubérance excessive ou peu crédible. Ici, le pari est réussi. La ville de Cincinnati révèle toujours plus de secrets insolites, de mystères. On retrouve à nouveau le quartier du Cloaque fréquenté par les Outres – vampires, garous, sorciers…– qui offre un background séduisant et prenant.
L’histoire de ce monde parallèle, où un virus nommé « L’ange » a décimé la moitié de la population humaine et les races liées telles que les Elfes, apporte un vivier de bonnes idées et de surprises constantes au fil des chapitres qui se succèdent sans l’ombre d’un ennui. Un tour de force dans un registre littéraire où la concurrence rend la tâche guère évidente.
Le charisme de l’héroïne principale et bel et bien là, mais se trouve éclipsé lors de certains passages par la ténébreuse Ivy Tamwood, sa coéquipière vampire. Dans le décor planté par Kim Harrison, deux espèces de buveurs de sang existent : les vampires morts depuis des années voir des siècles, et les plus jeunes encore vivants qui possèdent leur âme. Ivy fait partie de cette dernière catégorie.
La profondeur de ce personnage tourmenté est touchante. Jouant avec elle sur les registres tantôt de la dangerosité, tantôt de la vulnérabilité, l’auteure peint le portrait d’une vampire crainte, mais pétrie d’humanité. Ivy voudrait faire de Rachel son Scion, l’équivalent de sa servante humaine. Mais contrairement aux souhaits de vieux vampires tels que le redoutable Piscary, elle rechigne à la tentation de forcer la main de son amie sorcière. Les passages sous tension, au cours desquels ses instincts prédateurs lui font perdre tout contrôle, n’en sont que plus prenants.
Ce second tome nous familiarise donc davantage avec la communauté vampirique de Cincinnati, avec toutes les règles et les mœurs du monde de la nuit. La notion de vampirisme n’est pas figée dans des règles immuables, elle propose plusieurs visages différents. Certains vampires peuvent se mouvoir en journées, d’autres pas. On trouve ceux qui « pratiquent », c’est-à-dire qui se sustentent d’hémoglobine, et ceux qui s’y refusent…
Le bon, la brute et le mort vivant est un roman qui s’avère au final encore meilleur que le premier opus qui introduit la série. L’intrigue y est parsemée de rebondissements et les dialogues sont toujours aussi dynamiques. Magie, suspens, sentiments et situations cocasses ne sont pas en reste non plus. Et puis il y a les nombreux personnages, nouveaux ou récurrents particulièrement réussis, tel le pixie Jenks ou le mystérieux homme d’affaire Trent Kalamak qui croise une fois encore le chemin de l’héroïne. Une chose est certaine, on ne tombe jamais dans le redondant.
Au milieu du fatras des nombreuses parutions se revendiquant bit-lit, la justesse du ton et les nombreuses qualités narratives de ce bouquin le hissent parmi les meilleurs ouvrages du genre. À noter qu’une version en format poche est prévue prochainement chez Milady.