Traduction : Arnaud Demaegd
Rachel Morgan est devenue une sorcière des arts noirs ! Ce n’est pas du goût des êtres mauvais qui hantent les nuits de Cincinnati : les humains comme les morts, tous veulent la posséder, coucher avec elle et la tuer, et pas forcément dans cet ordre. Mais voilà que Nick, un mortel qui a jadis aimé puis abandonné Rachel, est de retour dans sa vie. Merci du cadeau ! Nick est hanté par les secrets de son passé et traqué par des créatures sauvages prêtes à tout détruire pour obtenir quelque chose qu’il possède. Bien qu’elle doive faire profil bas si elle ne veut pas encourir la vengeance d’un démon qui la déteste, Rachel est forcée d’agir, et vite, car la meute se rassemble pour la première fois depuis des millénaires pour ravager et conquérir le monde. Les garous et les vampires vont se battre pour la suprématie !
Il est des séries qui ne cessent de se bonifier au fil des opus, de sorte que la suite soit toujours attendue avec une impatience certaine. La quatrième aventure de la sorcière rousse de Cincinnati, imaginée par Kim Harrison, fait partie de cette catégorie et offre une lecture tout à fait enthousiasmante. Sans jamais tomber dans une facilité excessive ou le sentimental échevelé, l’auteur réussit à établir un équilibre parfaitement dosé entre aventure, action et émotion. Une bonne partie des personnages récurrents à la saga répond présent à l’exception du mystérieux Trent Kalamack qui ne fait l’objet que de quelques évocations.
Le sauvetage de Nick, l’ancien petit-ami démoniste en possession d’une statuette capable de faire proliférer l’espèce des loups-garous constitue l’intrigue principale. Dans le monde où évolue Rachel Morgan, les vampires représentent la communauté dirigeante, au sommet de l’échelle alimentaire. Et les buveurs de sang ne tiennent pas à voir la donne changer par la faute de cet artefact des plus encombrants.
Ivy, la partenaire vampire de l’héroïne, se révèle toujours aussi charismatique. Profonde intérieurement, redoutable et pudique dans son comportement, sa présence est l’un des piliers de l’histoire. Cette aventure en particulier voit sa relation avec Rachel évoluer. Jusqu’à présent, la jeune sorcière se refusait à partager son sang avec son amie, celle-ci ayant pour habitude de confondre sexe et émotion lors de l’étreinte. Après trois tomes à hésiter, Rachel accepte de faire une tentative, une décision qui l’air de rien, va changer son regard vis-à-vis de sa partenaire. Le lien entre elle et Ivy n’est-il basé que sur l’amitié, ou bien y a-t-il autre chose ?
Le lecteur en apprend davantage sur la psychologie prédatrice de Ivy, ses désires et ses peurs. Elle incarne l’une des vampires les plus puissantes de Cincinnati, mais lutte pour éviter de se laisser dominer par ses instincts. Kisten, le vampire petit ami de Rachel est toujours présent de la partie et fait office de médiateur entre les deux coéquipières.
L’intrigue rondement menée comporte nombre de péripéties. Les dialogues sont réalistes, plein de vie, les situations plus épicés que jamais… sans parler de la surprise de voir provisoirement Jenks, le pixies, prendre taille humaine le temps de récupérer son fils Jax parti avec Nick.
Les formes de magies employées par Rachel sont de plus en plus élaborées, avec des sorts pour le moins complexes recourant parfois à la magie noire. La jeune femme n’en finie pas de se montrer indécise dans ses amours, et se trouve inévitablement en proie au dilemme sur le plan affectif. Sa personnalité n’en reste pas moins bouillonnante et affirmée.
Pour une poignée de charmes fait ainsi honneur à l’excellente série bit-lit que sont les aventures de Rachel Morgan. Le roman se lit d’une traite sans jamais faire preuve à aucun moment de niaiserie ni de longueur. La qualité trépidante de l’intrigue, le rythme soutenu des rebondissements et surtout la savoureuse galerie de personnages font que le récit est de tout premier ordre dans la catégorie littéraire à laquelle elle appartient, coude à coude avec Anita Blake et Mercy Thompson. Du bon bit-lit qui s’adresse au plus grand nombre !