Sous la restauration, dans les années 1820-1825, Helena von Nachtheim, fille adoptive du prince Hardenberg, lui-même ambassadeur auprès de Louis XVIII, est présentée à la haute société parisienne. Mais une seule rencontre compte vraiment pour elle : celle de Wilhelm Vordenburg, le jeune médecin du prince, qui pourra peut-être la guérir de cette étrange déviance, soigneusement tenue secrète, qui la conduit à se nourrir de l’énergie vitale des petits animaux. Par quel mystère les mains d’Helena ont-elles le pouvoir d’attirer chats, oiseaux, rongeurs et, pourquoi pas, êtres humains, et de les faire mourir en douceur ? Mais faut-il vraiment de mystère quand il apparaît qu’Helena compte parmi ses ancêtres une certaine Mircalla Karnstein ?
Yvon Hecht propose avec ce roman un récit qui pourrait pleinement s’intégrer dans le courant romantique. L’histoire, située en pleine Restauration, permet ainsi à l’auteur d’aborder les doctrines et courants si chers à des auteurs comme Poe ou encore Gauthier, comme le magnétisme et le mesmérisme. Des doctrines pseudo-scientifiques qui, malgré leur côté par trop ésotérique, préfigurent certaines formes de psychologie, le but étant avant toute chose de percer les mystères de l’âme humaine.
L’auteur a taillé son style de manière à coller au plus près des auteurs de l’époque, ce qui aboutit à un texte qui, par certains aspects, a un côté certes daté mais pour le moins intéressant, car l’auteur s’approprie pleinement les codes du genre (importance du passé et des racines – notamment ceux de la famille de l’héroïne), importants questionnements sur la psyché humaine, etc. Helena von Nachtheim apparaît ainsi vite aux lecteurs exercés comme un exercice de style des plus réussis.
La teneur vampirique du récit est à la fois classique et novatrice. Classique en cela que l’auteur à choisi d’intégrer son récit dans la filiation du Carmilla de Le Fanu, faisant de son récit une variation sur un des personnages mythiques du genre (pour ne pas dire mythologique, Carmilla faisant parti du panthéon des personnages vampiriques, et représentants l’un des archétypes du genre). Mais le vampirisme ici n’est pas aussi classique que dans le roman de Le Fanu. Helena, descendante de la famille Karnstein, opère davantage une sorte de vampirisme psychique, en cela qu’elle « dévitalise » ses victimes (notamment les petits animaux qu’elle attire de manière quasi-magnétique). Cette dévitalisation opère sur elle comme une sorte de transfert d’énergie, Helena se trouvant ragaillardi par cette « transfusion ». Entre modernisme (la volonté du héros de tenter de soigner Helena) et obscurantisme (le mal dont est atteint Helena venant d’une antique malédiction qui pèse sur sa famille).
Un roman certes bref mais qui à le mérite de s’intégrer à la fois dans un courant littéraire ancien (le romantisme) et de proposer une vision intéressante du mythe.
Un livre qui mériterait d’être produit en film !
Vraiment bravo à l’auteur ! Il reste mon livre préféré et je me lasse jamais de le lire encore et toujours !