Patricia Campbell est une ancienne infirmière qui vit pleinement son rôle de femme au foyer. Son mari, Carter, un chirurgien en pleine ascension, rentre souvent tard, la laissant s’occuper de leurs deux enfants et de sa belle-mère. La seule chose qui la sorte de son train-train quotidien, ce sont les séances du club de lecture qu’elle forme avec certaines de ses voisines. Après s’être vu imposer des choix de livres par l’une d’entre elles pendant plusieurs mois, le petit groupe de femmes a pris son indépendance. Elles se passionnent depuis pour les crimes les plus sordides, dévorant ensemble les romans et livres qui retracent le parcours des criminels. Un soir, Patricia est attaquée par une voisine âgée apparemment perturbée. C’est à ce moment que James Harris, le neveu de cette dernière, fait son apparition dans la vie de la petite communauté.
Grady Hendrix est un auteur et journaliste particulièrement influent dans le monde de l’horreur. Si The Southern Book Club’s Guide to Slaying Vampires est son quatrième roman, Hendrix est également derrière l’indispensable Paperbacks from Hell, un essai illustré qui retrace l’histoire de la fiction horrifique des années 1970-1980. J’avais été impressionné par l’humour et les références que m’avait fait découvrir cet ouvrage, aussi avais-je suivi avec attention la publication de ce nouveau roman.
L’histoire choisit de s’intéresser à un petit groupe de femmes au foyer pour qui la lecture apparaît comme une échappatoire. Aussi décide-t-elle d’opter pour des livres sanglants, à la limite du supportable, qui explorent l’histoire criminelle des États-Unis. Rapidement, un nouveau venu en ville va s’immiscer dans leur vie. Patricia, l’héroïne, comprend que quelque chose ne va pas, mais ni son époux ni ses consœurs ne la suivent dans ce que tous pensent être des obsessions. Le roman montre le quotidien de ces femmes écrasées par leurs maris qui se jugent supérieurs, et entendent bien les mères de leurs enfants n’interfèrent pas dans leurs affaires. Car James Harris, le nouveau venu, prend rapidement de la place dans la communauté. On pense ainsi au Stephen King de Salem, ou a Fright Night de Tom Holland, dans cette idée où le mal s’infiltre progressivement dans un cadre tranquille qui s’estime à l’abri : celui de l’Amérique des petites villes. Il y a enfin une opposition marquée entre ces femmes de quartiers blancs, qui entendent préserver leur vie, et la population noire de la banlieue proche, jugée quantité négligeable. Pour autant, si le niveau de vie diffère, les femmes de ces deux environnements partagent un sens inaltérable de la maternité, et de la protection des leurs.
Le roman contient beaucoup d’éléments susceptibles de plaire aux amateurs du genre. Et dans le même temps, c’est aussi une de ses faiblesses. Il y a des scènes horrifiques très bien vues (le final dans la maison de James Harris, le moment ou Patricia découvre ce dernier avec sa fille Korey, etc.), mais je trouve que l’ensemble reste trop classique. Les personnages et leurs réactions sont attendus. Et si les deux premiers tiers du livre posent le contexte, les lieux et les protagonistes avec minutie, c’est aussi la grande faiblesse du roman. À trop vouloir inscrire ses personnages dans un environnement, Grady Hendrix prend trop son temps, et oublie la tension dramatique. Résultat, quand le livre démarre réellement, dans son dernier tiers, le lecteur est déjà lassé.
James Harris est le vampire dont la présence domine le roman. Si dans la première partie l’héroïne a encore des doutes sur ce qu’il est, le lecteur a tôt fait de comprendre à qui il a affaire. Les coïncidences sont trop nombreuses. Harris demande à être invité en bonne et due forme avant de rentrer dans la demeure des Campbell. Il est dans le même temps atteint de photophobie. Enfin, Patricia finit par découvrir qu’il prend pour cibles les enfants de la banlieue noire la plus proche, laissant sur ces dernières une marque de morsure. La créature semble quasi immortelle, et seules les lectures du petit groupe leur donneront les clés pour en venir à bout.
The Southern Book Club’s Guide to Slaying Vampires est un roman qui m’apparaissait prometteur. Le livre propose des scènes d’horreur maîtrisée, tout en offrant un aperçu crédible de la vie dans une banlieue huppée des années 1990. Mais il pêche par les longueurs de ces deux premiers tiers, qui amoindrissent l’impact du climax final quand celui-ci survient.