Avant de faire un tabac avec ses romans fantastiques (dont le dernier, NOSFERA2, est vampirique), Joe Hill a d’abord fourbi ses armes d’écrivain avec des nouvelles dès l’année 2005. En 2006 son recueil Ghosts of the 20th century (traduit donc par Fantômes – histoires troubles) a reçu le Bram Stoker award et le British fantasy award, des prix prestigieux.
Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver une nouvelle vampirique : « Fils d’Abraham ». Ce qui est étonnant c’est l’ambiance ; on ne comprend qu’on n’a affaire à un vampire qu’à la moitié environ de la nouvelle, lorsque deux enfants qui vivent sous la coupe autoritaire de leur père émigré d’Amsterdam s’introduisent dans son bureau et découvrent un incroyable secret. Et l’on verse aussi dans l’hommage pur et dur, puisque le père en question est l’un des personnages secondaires d’un roman vampirique ultra-connu…
Dès lors le récit bascule dans une autre dimension, car bien sûr les deux fautifs vont se faire surprendre par leur paternel. Sa nature véritable, ou plutôt le métier qu’il exerce vraiment, la médecine n’étant qu’une « couverture », va leur être révélée…
Il y a donc des vampires classiques dans cette nouvelle, même s’ils n’interviennent pas, et qu’on apprend que l’on peut les tuer en leur enfonçant un pieu de bois blanc dans le sternum, avant de leur couper la tête et de leur fourrer une gousse d’ail (ou plutôt une tête ?) dans la bouche, pour éviter tout retour post mortem. Les crocs des vampires, seul signe visible de leur nature, disparaissent dès leur mort.
Cette nouvelle s’inscrit dans un recueil qui en compte une quinzaine, qui touchent à pas mal de thèmes classiques du fantastique : un fantôme de jeune fille dans un cinéma, le pouvoir de voler, le dernier souffle des morts, un garçon en plastique (littéralement), une métamorphose à l’instar de celle de Kafka… Il s’attaque à la terreur, avec l’histoire d’un pédophile, ou celle d’un écrivain aux prises avec une famille rien moins qu’étrange. Outre la nouvelle qui nous intéresse, suite/hommage au Dracula de Stoker, Joe Hill nous propose un sympathique clin d’oeil à un classique du cinéma d’horreur, le Zombie de George Romero. L’auteur place également deux de ses courts récits dans un cadre qu’il aime, celui du base-ball.
Un recueil fort recommandable, comme l’ensemble de l’œuvre de Joe Hill.