Alors que Chika intègre peu à peu les tenants et aboutissants de son nouvel état, Osamu est particulièrement perturbé par la situation. Matière à retrouver un peu de cette humanité que le costume confié par Miwako lui avait fait perdre. La pureté et l’innocence de Chika volent en éclat, alors que celle-ci ne semble pas connaître de limites dans ses exactions. Tandis que Miwako l’autorise à faire temporairement d’Osamu son familier, elle n’hésite pas à s’attaquer à leurs camarades de classe.
Ce cinquième et dernier tome fait tomber le rideau de fin sur la série de Sato Hirohisa. Le scénariste-dessinateur a su me surprendre une dernière fois, en faisant basculer définitivement le personnage de Chika dans l’horreur. Reste que c’est aussi, à mes yeux, l’une des grandes faiblesses de ce dernier volet. La pureté du personnage donnait un effet de balance à l’ensemble, qui est totalement perdu ici. Ce dernier volet souligne la solitude des Lignées de sang, créatures monstrueuses qui s’attaquent à l’humain sans parvenir à s’attacher quelqu’un autrement que dans la violence et la perversion. D’autant que les familiers sont pour elles des pions, des intermédiaires dans leur obsession à « ressentir », même si par personne interposée. Les dernières pages sont plutôt bien vues, mais je n’ai pas été totalement convaincu par la posture d’Osamu, ni celle de Miwako.
Le dessin de Sato Hirohisa est toujours d’aussi bonne tenue. L’horreur des scènes où Chika se laisse aller à ses nouveaux instincts est particulièrement bien rendu, avec cette masse grouillante de victime. Mais l’auteur sait aussi se poser sur les visages des personnages quand ceux-ci reprennent leur aspect humain. La solitude des différents protagonistes, qui est sans doute le fil conducteur de toute la série, ressort également par les dessins. C’est notamment visible dans les dernières pages, alors qu’Osamu se réveille après avoir passé plusieurs années à se régénérer.
Le folklore qui entoure les Lignées de sang est déjà bien établi alors que s’ouvre ce dernier tome. On apprendra peu de nouvelles choses dans ces pages. On peut néanmoins parler de la possibilité pour les « vampires » de partager temporairement un même familier. L’auteur met également en scène l’une des faiblesses des Lignées, quand ils sont attaqués par un Familier alors qu’ils se situent en dehors de leur territoire.
Une fin de série un peu en demi-teinte à mes yeux, dans le sens où l’évolution des différents personnages fait perdre à l’ensemble son équilibre. Ce qui n’empêche cependant pas ce cinquième tome de proposer de nombreuses idées intéressantes.