Budapest, 1856. Arminius Vambéry, à la recherche d’un mécène susceptible de financer son expédition à Istanbul, retrouve par hasard Abraham Van Helsing, un ancien camarade d’étude. Le médecin, qui est en train de se constituer une clientèle dans le quartier juif de la ville, cache dans un premier temps les raisons de son départ d’Heidelberg à son vieil ami. Sa sœur y est morte il y a quelques années, son corps ayant été retrouvé exsangue. Van Helsing subodore que le responsable pourrait être de retour, et que la perle du Danube pourrait être sa prochaine étape. Mais il ignore dans quelle horreur il va progressivement basculer, entraînant Arminius et une jeune aventurière à sa suite.
Michel Honaker, auteur d’une récente traduction (simplifiée) du Dracula de Stoker, revient à nouveau titiller le comte dans une préquelle au roman d’origine. J’ai toujours dans ma bibliothèque le 9e tome de sa série du Commandeur, Terminus Vampire City, sur lequel je n’ai pas encore eu l’occasion de me pencher. Il était donc temps de voir la production ès vampire de l’auteur apparaître sur le site.
Si la quatrième de couverture et l’argumentaire de l’éditeur ne le cachent pas, les premiers chapitres le confirment rapidement : le romancier propose ici de raconter la première rencontre entre Dracula et Van Helsing, la faisant remonter près de 40 ans avant celle imaginée par Stoker. On y suit donc le fameux médecin, mais aussi son ami Arminius Vambéry, et une jeune exploratrice appelée à devenir une proche du duo ainsi que quelques protagonistes secondaires. L’ensemble reprend la formule épistolaire utilisée par le romancier irlandais, chacun s’exprimant au travers de ses lettres et journaux personnels, dont le Memorandum du futur chasseur de vampire constitue la colonne vertébrale.
Le texte s’articule sur de nombreuses références qui anticipent donc Dracula, comme l’apparition des 3 femmes vampires, la présence à ses côtés des Tziganes, son lien avec Vambéry, etc. L’auteur montre ce faisant qu’il a une bonne connaissance de sa matière première (le point de rendez-vous que se donnent Vambéry et Van Helsing, à l’entrée du Pont des Chaînes, pourrait même être une référence à l’ouverture du roman originel), tout en élaborant sur l’ensemble, injectant de nouveaux personnages (qui vont combler la part d’ombre de Van Helsing). Reste que j’ai eu, dans les premières pages, un peu de mal à adhérer à la plume de l’auteur, un peu trop sèche à mon goût. Mais l’histoire ne manque pas de rebondissements et les personnages sont relativement bien campés, ce qui m’a permis, après coup, de profiter du roman.
Pour ce qui est des vampire, l’approche est classique, mais c’est attendu : l’auteur choisit de respecter les codes fixés par Stoker. Son Dracula transforme ses victimes en de nouvelles créatures de la nuit au fur et à mesure de ses ponctions. S’il préfère se déplacer et agir la nuit, il peut se mouvoir en plein jour. Croix et symboles religieux semblent indisposer les vampires, qu’on peut tuer en les décapitant ou en leur enfonçant un pieu en plein cœur. Ils craignent également l’eau courante, et ne peuvent pénétrer que s’ils ont été invités (l’auteur ajoutera une petite brique à cet édifice). Pour autant, ils disposent aussi de pouvoirs, comme celui d’influencer les humains.
Un roman qui ne manque pas d’intérêt, à la fois hommage et anticipation du Dracula de Bram Stoker. La ville de Budapest y a une belle place, et cette histoire donne du corps à un des personnages emblématiques du texte de l’auteur irlandais.