Il n’est plus nécessaire de résumer l’histoire du roman Dracula de Bram Stoker, tant celle-ci est célèbre. Publié pour le première fois le 27 mai 1897, le roman fut bien accueilli lors de sa sortie, mais ne devint un véritable mythe qu’après ses premières adaptations théâtrales et surtout cinématographiques. Chef-d’oeuvre de la littérature moderne, plus grand roman gothique, il est une source d’inspiration inépuisable pour des générations entières d’auteurs…
Mais si beaucoup l’ont adapté, peu l’ont respecté à la lettre, le transformant au gré des envies ou des impératifs commerciaux.
[Résumé du site Glénat]
A la différence de Mignola, qui s’était déjà attaqué, certes dans un autre style, à la relecture du scénario du Film de Coppola (lui-même adapté du roman de Stoker), entreprends avec cet album d’adapter fidèlement le roman de Bram Stoker: Dracula. J’avoue être un inconditionnel du roman, et c’est donc avec une certaine méfiance que j’ai commencé la lecture de cet ouvrage…
Graphiquement déjà, Hippolyte va loin, très loin. La technique de la carte à gratter qu’il utilise rend honneur et retranscrit avec un brio rarement égalé l’ambiance gothique de l’œuvre originale. Les jeux de lumière sont superbes, le découpage efficace, et l’auteur se permet parfois de laisser la carte à gratter pour nous offrir de sublimes cases réalisées à l’aquarelle.
Il y a quelque chose d’expressionniste dans ces planches, quelque chose qui permet à cet album de faire le trait d’union entre l’ouvrage original et les premiers films consacrés aux vampires, comme ceux de Murnau (Nosferatu) et Dreyer (l’étrange aventure de David Gray). Un exercice de style dont l’auteur se sort ici avec une maîtrise sans pareille. De mon point de vue, aucune autre technique picturale n’aurait pu donner à un album le souffle épique du roman original.
Niveau scénario, on se retrouve avec une des plus fidèles adaptations du roman de Stocker qu’il m’ait été donné de lire, la première partie du roman (la nouvelle l’invité de Dracula) ayant même été replacée dans la trame de l’histoire. Le style épistolaire employé par Stoker a été conservé de façon à coller le plus près possible au texte original, et cette alternance de point de vue et de protagonistes n’entame absolument pas la puissance romantique de cet album.
En définitive, un album sur lequel j’avais de sérieux doute mais qui se sont vite envolés devant tant de maîtrise. Approchez votre oreille de ces magnifiques planches, vous pourrez sans doute entendre le comte vous convier à « entrez ici et laissez y un peu du bonheur que vous apportez », de son inimitable accent slave.
En un mot, sublime.