Junji Ito est un maître de l’épouvante en manga. toutes ses histoires sont, au minimum, dérangeantes. J’en veux pour preuve l’excellent Spirale. Les Editions Tonkam exploitent le filon, sachant qu’il y a désormais un public de fans en France. Dans le dernier recueil en date de ses histoires courtes, titré La Femme Limace, on trouve à la fin un court récit, La Maison bio, qui date de 1987, et donc probablement des débuts de l’auteur.
Le style est hésitant, l’auteur n’a pas trouvé encore le style horrifique et réaliste qui fera sa renommée. Une jeune assistante, invitée par son patron, accepte de passer la soirée et la nuit chez lui. Dès le repas, les choses bizarres commencent. le menu est fait exclusivement d’insectes crus ou grillés. Ensuite, au dessert, un verre de… sang du patron. La jeune fille tente de s’enfuir, mais se retrouve aux prises avec les domestiques, qui semblent affublées de canines proéminentes… Plus que le dessin maladroit et le dépouillement des décors, ce qui m’a gêné le plus dans cette histoire (d’une vingtaine de pages) est son manque de maîtrise narrative. Les dialogues sont assez faibles, les péripéties s’enchaînent sans schéma directeur et les personnages sont assez primaires. Les vampires (uniquement des femmes) sont des esclaves soumises et avides de sang, et c’est tout. On ne connaît pas la nature de leur maître, et finalement on s’en fiche un peu.
C’est donc une oeuvre de jeunesse, à prendre avec toute l’indulgence qui en découle. On y trouve cependant quelques éléments qui feront la « marque » de l’auteur ; du sang facilement versé, des insectes grouillants, des personnages au regard vide ou au contraire extraordinairement expressif.