Mina est amoureuse et sur le point d’épouser l’homme qu’elle aime. Sa meilleure amie, la jolie Lucy, est elle aussi sur le point de se marier. Les deux jeunes femmes décident de partir en vacances à la mer pour profiter de leurs derniers moments de célibat ! Mais l’arrivée dans leur vie d’un gentleman fascinant, ténébreux et sulfureux, va ébranler toutes leurs certitudes. Lucy tombe mystérieusement malade, et Mina, quant à elle, est soudain assaillie par des désirs inavouables…
Comme d’habitude quand il s’agit du réécriture du roman de Bram Stoker, j’ai entamé la lecture de Dracula, mon amour avec pas mal de doutes quant à la qualité réelle du résultat. Et si au final je n’ai pas été forcément transporté par le texte de Syrie James, certains éléments utilisés par l’auteur m’ont permis de me poser certains questions peu abordées jusque-là concernant le roman initial. Ce roman est donc une version alternative du roman original, basé sur des notes que Mina Harker n’avait pas confié à Van Helsing ou qu’elle a rédigé ultérieurement. On y découvre donc les circonstances de sa rencontre avec Dracula, lequel se fait alors appeler Wagner, et l’idylle qu’ils vont peu à peu nouer.
Au niveau de l’histoire, je trouve que les faiblesses viennent en partie de cette romance qui s’installe entre les deux personnages, romance qui du coup fait davantage penser au film de Coppola (même si l’aspect romantique est ici bien plus enjolivé) qu’au roman de Bram Stoker. De même, certains éléments de l’intrigue sont supprimés sans vraiment de raisons, et certaines variations ne semblent pas forcément justifiées par le parti pris de cette réécriture. Mais le style de l’auteur n’est pas foncièrement désagréable, et hormis certains passages de la romance entre Dracula et Mina, le récit s’encombre peu de temps morts.
Au niveau vampirique, l’auteur se base certes sur les caractéristiques utilisées par Bram Stoker mais en élude certains au passage, notamment ce qui à trait à la mort de Lucy, que Dracula impute aux transfusions multiples dont a été sujet la jeune femme, des transfusions qui omettent complètement l’importance des groupes sanguins (certes pas connus à l’époque où écrivait Stoker). Reposer dans la terre où il a été enterré apparaît comme un point crucial pour les vampires, de même qu’un pieu enfoncé en plein coeur semble être la manière la plus efficace d’en venir à bout.
Dracula fait cependant un sort à l’utilisation de l’ail, même si les symboles religieux (eau bénite, crucifix) restent un bon moyen de faire reculer les buveurs de sang, un fait qui est du, selon le vampire, à l’essence diabolique du mal qui est le sien. Le soleil, s’il épuise davantage le vampire et l’empêche d’utiliser une partie de ses pouvoirs n’est également pas fatal (même si Bram Stoker avait déjà pris cela en compte). On apprend également que le Dracula dont il est question n’est pas forcément Vlad Tepes, même si il lui est lié. Et à l’instar des romans de Jeanne Kalogridis, l’auteur va davantage creuser les liens qui unissent Dracula et la mythique école de Scolomance. Syrie Jamles détaille également beaucoup plus en avant les rouages qui permettent à un vampire de créer un congénère.
Une relecture certes agréable, mais pas forcément indispensable, qui détaille davantage certains aspects peu utilisés du roman de Bram Stoker. L’histoire est cependant un peu trop romancée à mon goût, mais au vu du parti pris de l’auteur ce n’est pas franchement une surprise.
Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup aimé cette réécriture et je l’ai trouvé crédible! Pour le côté romancé, n’oublions qu’il est publié dans une collection jeunesse. Même si j’ai trouvé que certains passages n’étaient pas vraiment destinés aux plus jeunes!