Le jeune Vlad Tapas, descendant de Dracula et neveu de Nosferatu, n’a pas le goût pour le sang humain. Ce qui inquiète à la fois son domestique Radu et l’ogre Proutinoff, qui se nourrit des victimes que les vampires laissent derrière eux. À la faveur d’une balade nocturne, le vampire tombe sur Églantine, une jeune sorcière. Celle-ci est en apprentissage auprès de la Baba Yaga. Ayant trouvé Vlad détrempé, elle décide de l’amener chez elle, ayant en tête de lui préparer une omelette de champignons… a l’ail.
Le duo Jans/Mazille n’en est pas à son coup d’essai dans la collection Lily des Éditions Mosquito. On leur doit ainsi Le dernier ours de Chartreuse et Gargantua en Chartreuse, deux albums qui prennent le massif de Chartreuse comme cadre pour des aventures flirtant avec le légendaire local. Avec Vampire et sorcières, le duo quitte ses habitudes, et fait de la Transylvanie le centre de son récit. On y retrouve donc un bestiaire moins français, notamment le vampire. Les auteurs choisissent de convoquer une autre figure du folklore est européen (voire russe) : Baba Yaga la sorcière. L’histoire est amusante, et imagine un vampire peu intéressé par les instincts inhérents à sa condition et va progressivement s’émanciper de celle-ci, et découvrir l’amour. Le scénariste distille une touche continue, mais non invasive, d’humour tout au long de l’album. Dans le même temps, la présence de la Baba Yaga et le personnage de Proutinoff paraîssent un moyen d’ancrer le récit dans une certaine actualité. L’ogre met en effet sur pied une « opération spéciale » pour soustraire le vampire à l’influence des deux sorcières.
Le dessin de Capucine Mazille est plutôt de bonne tenue. Avec ses aquarelles aux teintes végétales, elle s’empare de façon réussie du bestiaire de Transylvanie. Le découpage ne l’empêche pas de varier ses cases, matière à croquer de manière détaillée la maison à patte de poules de la Baba Yaga, ou encore le château de Vlad.
On découvre ici que le descendant de Dracula n’a plus envie de sang. Sa rencontre avec une sorcière va lui offrir de nouvelles opportunités. Si elle a la mauvaise idée de lui faire déjà goûter une omelette aux champignons et à l’ail, elle lui proposera avec le bortsch un moyen de s’émanciper de son besoin de sang. Car dans l’imaginaire des auteurs, les vampires peuvent remplacer le sang par un autre liquide rouge. La haute teneur en betterave du bortsch (dont on retrouve la recette en fin de livre) fait de celui-ci un substitut idéal. Les auteurs disséminent par ailleurs quelques références de-ci de-là, telle que cette filiation entre Vlad et Nosferatu. La dernière image montre également des personnages comme Lestat.
Un sympathique album jeunesse qui imagine les amourettes entre l’apprentie de Baba Yaga et le descendant de Dracula.