Pinocchio est de retour, poursuivant sa quête d’éradication des vampires à travers le monde. Toujours hanté par la mort de son père Geppetto et ayant du mal à accepter que son ami Cherry soit à la fois un vampire et un allié, Pinocchio est peu à peu consumé par la haine qui l’habite. Par chance, les acteurs survivants du Grand théâtre de marionnettes font leur apparition, apportant leur aide à leur frère de bois dans sa lutte contre les buveurs de sang. Leurs recherches les amène à Naples, puis les conduiront à emprunter la voie des mers, à la recherche de celui qui semble être à l’origine de la menace vampirique…
Pinocchio Vampire Slayer avait été une des découvertes les plus jouissives du début de l’année 2010. Ce pastiche tragi-comique qui apportait une touche de noirceur franchement intéressante à l’univers de Collodi avait su combler l’amateur de réécritures décalées que je suis, aussi ais-je été pour le moins heureux d’apprendre que la suite était sur les rails. Les auteurs allaient ils réussir à proposer une suite originale et intéressante, surtout maintenant que celui qui était l’un des personnages principaux est mort ? La lecture du tome 2 m’a rapidement convaincu qu’il s’agissait là d’une seconde réussite signée Van Jensen et Dusty Higgins. A nouveau, les deux auteurs marient avec une certaine aisance l’humour et le tragique, descendant encore plus en avant dans les aspects pastiches, en jouant avec de nombreuses références issues de l’histoire originale, et n’hésitant pas à proposer quelques clins d’oeils savoureux à d’autres personnages et récits.
Psychologiquement c’est aussi assez bien fichu, Pinocchio étant un personnage riche en ambiguïté, hanté par la mort de son père Geppetto. La présence d’un vampire parmi ses alliés ne l’y aide certes pas, la marionnette ayant du mal à ne pas laisser la haine prendre le dessus en lui. La galerie des personnages mis en scène par les auteurs n’est pas en reste, les survivants du Grand Théâtre des marionnettes permettent une injection de personnalités variées et différentes dans l’histoire. Bref on ne s’ennuie pas un instant dans cette relecture riche et inattendue du classique de la littérature jeunesse.
Le dessin de Dusty Higgins s’est amélioré depuis le premier opus. Si les trames sont certes toujours présentes, elles sont moins utilisées, et le trait s’est affiné depuis le précédent tome. Le dessinateur s’essaie davantage à des cases en pleine ou double page qui sont assez réussies et dynamise bien la narration. A noter également le design très réussi des pantins du théâtre, Harlequin avec ses cheveux crépus et son look un peu disco étant un hommage assez réussi au Blade original.
Deuxième volet toujours aussi réussi pour cette série inattendue qui joue avec brio avec ce texte classique qu’est le roman de Collodi. Pas mal de références, une réappropriation des personnages et scènes de l’œuvre originale et un mélange d’humour et de noirceur font de cette série une des plus réussies du moment. A quand une traduction française ?