Je suis toujours épatée par la plume de Sophie Jomain et par la violence qu’elle suscite. Non que les mots soient teintés d’agressivité ou que les héros soient d’une férocité sans nom. C’est plutôt la violence des émotions qu’en procure la lecture qui m’épate. Au début, je me suis dit « c’est encore une suite qui surfe sur le succès, qui tourne en rond pour ne pas finir l’histoire. » Mais dès que la lecture commence, dès que l’intrigue se met en place, on comprend qu’il n’est plus question de cela. On est emporté par un courant qui déchaîne des rebondissements auxquels on ne pouvait pas s’attendre.
Les personnages masculins jusque là principaux disparaissent presque entièrement de l’action, sans pour autant être tout à fait absents, une évocation dont la récurrence fait monter la pression, l’inquiétude, mais dégage aussi des horizons nouveaux pour les autres personnages. En effet, certains personnages qui étaient plutôt des seconds couteaux apparaissent en force dans ce 4ème opus tandis que l’héroïne se révèle à elle-même, et aux autres. Je ne m’étendrai pas sur l’histoire, pour ne pas spoiler. Je peux juste dire que Hannah semble avoir un karma qui ne prétend pas au bonheur. Pourtant, elle est de plus en plus forte, de plus en plus affirmée, sans pour autant perdre cette once d’humanité en plus. Elle n’est plus une créature de la nuit, mais garde un penchant amical pour les Anges Noirs de Saint-Andrews, sans se préoccuper du « qu’en dira t-on » dans son nouveau clan. Ses sentiments pour Leigh sont toujours aussi forts, même s’ils sont soumis à rudes épreuves !
Cependant, Sophie Jomain a pris le parti de développer des personnages jusque là secondaires, comme Grigor, et je dois dire que cet aspect n’est pas pour déplaire. En effet, de par sa filiation, il apparaît ambigu au départ et la relation qui le lie à Hannah semble bien compliquée, tiraillé qu’il pourrait être entre sa fratrie multi-séculaire et son amitié toute nouvelle pour une jeune fille qui n’est pas de son espèce, certes, mais qui appartient en plus à une espèce ennemie ! Un autre aspect du récit qui m’a beaucoup attirée, je dois bien l’avouer.
L’action se transporte un moment sur des terres roumaines et c’est un joli clin d’oeil aux origines du fanatisme vampirique que l’auteur nous propose dans cet opus si justement intitulé Origines. D’ailleurs, sans trop en dévoiler, on découvre enfin l’origine des Anges Noirs et le secret de leur création nous est révélé ! On en apprend beaucoup, mais on reste aussi sur notre faim.
A l’issue de ma lecture, j’étais persuadée que mon exemplaire était tronqué, qu’il lui manquait des pages. Le cliffhanger est tellement violent que mes émotions se sont révoltées ! Il faudra attendre la suite avec patience… Mais le temps appartient aux vampires, qui en ont à revendre, alors que l’impatience est l’apanage des lecteurs, dévorés par la curiosité.