Miyu est une princesse vampire chargée de chasser les démons qui s’invitent dans le monde des humains, et jouent avec ceux-ci. Accompagné de Larva, un démon qui lui a juré fidélité, elle intègre à son tour la société des hommes quand des disparitions étranges et autres décès suspects s’enchaînent. Mais aussi puissante soit-elle, Miyu est hantée par sa solitude, et les réminiscences de sa vie mortelle.
Princesse Vampire Miyu est LE manga incontournable pour qui s’intéresse à la destinée des vampires à travers le medium. Le personnage (et l’univers) imaginé par Toshihiro Hirano (dont le nom n’apparaît pas sur la couverture VF de ce premier tome) et Narumi Kakinouchi est en effet un des mètres étalons du genre, dont l’histoire se poursuit jusqu’à aujourd’hui (à travers des spin-off, des OAV et autres séries TV), en faisant un des univers les plus anciens et développés du manga vampirique (29 ans).
À travers les pages de ce premier tome, les auteurs posent ainsi le schéma narratif caractéristique de la saga : on y voit Miyu, accompagné de son indéfectible Larva, enquêter sur plusieurs cas de disparition. À chaque épisode, la jeune vampire cherche à protéger les humains (de qui elle se rapproche en plusieurs occasions) de la mainmise des démons. Mais ce premier opus montre aussi un personnage sur lequel pèse encore son humanité perdue (l’un des épisodes met en lumière le moment où Miyu a pris conscience de ce qu’elle était destinée à venir, et le poids de l’histoire de ses ancêtres sur ce devenir).
J’avais lu ce premier opus il y a des années, y revenir alors que je viens de mettre la main sur les autres tomes m’a fait grandement reconsidérer ma première approche. Car il y a là un lien indéniable avec ces personnages vampiriques à la charnière de leur humanité perdue, comme Louis de La Pointe du Lac chez Anne Rice. Malgré l’aspect répétitif des histoires (dont le schéma est quasi toujours le même), l’approche onirique et romantique est une des premières pour le support manga… même si elle a depuis fait école. Reste que les différents protagonistes ont un côté archétypal qui peut lasser, ce qui a bien évolué dans les travaux ultérieurs du duo d’auteur.
Le dessin de Narumi Kakinouchi est une des marques de fabrique de la série, très fin, se focalisant plus sur les personnages que sur les décors dans lesquels ils évoluent. Lesquels se font d’autant plus évanescents quand l’intrigue se déroule durant la nuit. Mais cette première saga est aussi un des premiers travaux de l’auteur, et les cases souffrent de leur manque de dynamisme malgré une mise en page efficace.
Les vampires de cette série sont à cheval entre l’image asiatique et occidentale du vampire. Miyu n’a aucun problème à se mouvoir en pleine journée, tout en éprouvant la nécessité de s’abreuver de sang. Mais ses besoins passent après sa mission, et sa tentation de transformer une de ses rencontres en vampire, leur permettant de s’échapper de leur condition humaine. Qui plus est, les vampires (tout du moins Miyu) dans cet univers sont décrits comme des démons qui s’éveillent (ou non) durant leur vie terrestre à l’état vampirique. Pour détruire ses ennemis, Miyu fait autant appel à Larva qu’à des pouvoirs magiques qui lui permettent de les conjurer.
Un premier opus qui pose les bases de la série, mais peut aujourd’hui s’avérer d’une approche plus difficile, en raison de l’aspect répétitif des intrigues et de son dessin très figé. Bémol également concernant le lettrage, et la traduction (mais l’ensemble n’a malheureusement jamais été rééditée), qui pêche en de nombreux endroits.