Michael Morbius parvient à s’échapper de The Raft, où il était détenu aux côtés d’autres super-vilains tels que le Dr Octopus. Sur les conseils d’un allié de circonstance, il décide de se faire oublier à Brownsville, une ville où aucune force de police ni aucun super-héros ne met les pieds. Hanté par ses souvenirs passés, et sur ce qui fait de lui la créature vampirique qu’il est devenu, l’ancien scientifique va néanmoins devoir faire face à ses responsabilités quand son face à face avec le parrain du crime local vire au drame.
Si je connaissais déjà le personne de Morbius à travers d’autres arcs (essentiellement liés à Spiderman, dont Morbius est un des ennemis réguliers), je lorgnais sur cet arc dont il s’avère être le personnage central depuis un moment. J’avoue avoir eu un léger doute durant les premières pages, étant donné que l’histoire s’intègre dans la continuité chronologique du personnage, ce qui peut faire craindre des difficultés pour le lecteur occasionnel. Pourtant cette impression s’évanouit vite, car l’histoire qui se met en place au fur et à mesure est totalement compréhensible pour qui ne connaît pas Morbius, ou ses dernières péripéties.
Le scénariste profite en effet de sa trame principale pour intégrer plusieurs flashback qui permettent de resituer le personnage, et donner un éclairage assez détaillé sur les origines de sa condition. L’arc principal est également relié à son passé, et permet de découvrir des personnages de son histoire personnelle qu’on ne croise pas ou prou dans le reste de ses aventures. Du coup, c’est assez bien vu de la part des deux scénaristes, d’autant qu’ils se permettent de mettre le personnage dans une situation cohérente au vu de ses difficultés à accepter ce qu’il est : faire de lui un héros qui protège les plus faibles.
Le dessin n’est pas forcément désagréable, qu’il s’agisse du coup de crayon de De Landro ou de celui d’Elson. Si je ne lui trouve pas une originalité folle, il n’en remplit pas moins bien son office, et offre des cadrages assez réussis et dynamiques, doublés à une bonne homogénéité. La couleur est dans la même lignée : elle n’est certes pas froide (comme c’est souvent le cas dans une bonne part du comics mainstream moderne), mais ne renouvelle pas le genre. Par contre, je trouve les couvertures particulièrement réussies, car elles offrent une ambiance pour le moins noire.
Morbius est un mutant qui possède de nombreuses caractéristiques vampiriques. Il a ainsi besoin de sang pour survivre, qu’il prélève grâce aux canines sur-développées qui lui sont poussées dans la bouche. Il est doté d’une capacité de guérison hors-norme et d’une force physique décuplée. L’attirail habituel du chasseur de vampires (à savoir l’ail, les crucifix, etc.) ne lui font rien, mais il craint les balles en adamantium, et ne se déplace qu’à la nuit tombée. A la base, Michael Morbius est un scientifique atteint d’un problème du sang qui le rang très faible. C’est en voulant guérir ce problème, en travaillant sur du sang de chauve-souris vampire, qu’il s’est lui-même infligé le mal dont il est désormais atteint.
Un album assez intéressant, qui utilise bien la psychologie du personnage (et son déchirement de devoir assouvir ses instincts pour survivre) et propose au lecteur de revenir sur les origines d’un des vampires les plus en marge de l’univers du comics, créé à la base comme un détournement des restrictions de la censure (qui s’attaquait particulièrement aux créatures issues du bestiaire gothique, comme les vampires, les loups-garous, etc.).