Carol Robins est divorcée depuis un peu plus d’un an. Elle était mariée à Rob, son grand amour de jeunesse. Malheureusement, celui-ci s’avère être un homme volage et préfère la gent masculine. Un véritable choc pour Carol car de plus Rob est atteint du sida. Le virus S pèse sur l’avenir de Carol. Elle est esseulée, bouleversée, en pleine dépression. Elle décide de tout quitter, son travail et Philadelphie, pour partir en France. Plus exactement à Bordeaux. Même si elle ne parle pas un mot de français, elle pense pouvoir se changer les idées dans cette ville étrangère. Elle rencontre par hasard André, un homme sombre et d’allure inquiétante. Après un incident violent où Carol découvre qu’André pourrait être un vampire, celui-ci la kidnappe. Malgré la peur qu’il lui inspire, Carol ose lui proposer une sorte de partenariat. Rester à ses côtés durant deux semaines où il pourra faire ce qu’il désire d’elle et ensuite elle sera libre de repartir. Mais l’atmosphère mystique et la symbiose qui les relie vont produire une situation improbable : Carol va tomber enceinte. Et son but deviendra donc être de préserver le lien qu’elle a avec cet enfant de nature magique.
Le Pouvoir du sang, saga composée de 4 volumes, a été publié par les éditions canadiennes ALIRE. Il s’agit d’une des séries phares de Nancy Kilpatrick. Une série qui est particulièrement appréciée et recherchée par les fans de lectures vampiriques. L’autrice écrit également sous le pseudonyme d’Amarantha Knight où elle revisite de manière coquine des classiques de la littérature fantastique. La série est intitulée The Darker Passions et on peut y retrouver des romans tels que Dracula, Carmilla ou même Frankenstein revisités de manière coquine. Un peu comme l’avait fait Anne Rice avec les trois volumes des Infortunes de la belle au bois dormant. Cependant, The Darker Passions n’a pas encore été traduite en français! Nancy Kilpatrick est publiée à large échelle, et de nos jours est plutôt associée au genre littéraire Bit-lit. Mais pour la plupart de ses écrits, que ce soit des nouvelles ou ses romans, il faudra les lire en version originale. Une nouvelle série vampirique The Throne of Blood vient d’être publiée en 2017, le tome 1 est chroniqué sur le site : https://www.vampirisme.com/livre/kilpatrick-throne-of-blood-1-revenge-of-the-vampir-king/
En débutant le tome 1 du Pouvoir du sang, nous sommes tout de suite plongés au cœur du récit, pas le temps de souffler. Comme l’écrit si bien Poppy Z Brite : Nancy Kilpatrick va directement au cœur de l’histoire. Elle ne craint jamais de prendre des risques, et le résultat est toujours probant. La plume de Nancy est légère et ne s’embarrasse pas d’interminables descriptions. C’est court et précis mais en restant tout à la fois bien réfléchi et évolutif. Nancy Kilpatrick maîtrise son histoire et ses personnages. Même si elle met parfois du temps à les présenter, elle introduit une forme de suspense en distillant parfois quelques éléments de leur passé. L’autrice développera un peu plus certains personnages, comme celui de Gerlinde (qui devient très proche de Carol), un vampire très sympathique, attachant et rigolo. D’une manière générale, tous ces personnages ont un caractère bien affirmé et bien construit. Nancy Kilpatrick excelle dans la description des relations humaines, ce qui rend les personnages attachants et inoubliables. La question du virus du sida est un plus dans le récit car il ajoute une tension réaliste qui semble toucher particulièrement l’autrice.
Ce qui est pleinement jouissif dans le récit de Nancy Kilpatrick, c’est qu’elle ne s’encombre pas de sentiments pudibonds pour décrire les nombreuses scènes de sexe entre Carol et André, où le sado-maso à la 50 nuances de vampires côtoie les « je t’aime, moi non plus » avec un zeste de Syndrome de Stockholm. André est violent et n’hésite pas à abuser moralement et physiquement de Carol. Parfois c’est un peu trop, on souhaiterait que Carol se rebelle un peu et qu’elle s’affirme. Cependant, leur relation, assez particulière, s’intègre totalement dans le déroulement du récit. Au premier abord, on pourrait bêtement classer l’autrice dans le genre Bit-lit (bien que je n’aie rien contre ce dernier).
Mais il y a bien plus. Un émoi plus profond se déclenche en nous au fur et à mesure de l’avancement de notre lecture. Nous ressentons également l’influence d’Anne Rice (la saga de Nancy Kilpatrick est postérieure à celle d’A.R.), mais avec beaucoup moins de longueurs et de mysticisme religieux, comme La Reine des damnés aime en abuser. Bien qu’une touche ésotérique soit assurément présente dans L’enfant de la nuit. Une dimension prophétique concernant le couple Carol et André est annoncée à un moment donné dans l’une des scènes du roman. Puis l’enfant né de cette union (malgré de nombreux désaccords) est une chose rarissime et qui ne s’est déjà produite qu’une seule fois. D’ailleurs celui-ci pourra choisir d’être immortel ou humain à l’âge de raison. Bien évidemment, sa décision aura des conséquences sur son régime alimentaire et sa façon de vivre.
Tout d’abord, la figure vampirique est abordée de manière dissimulée. Le fait qu’André et sa famille (de cœur) soient des vampires n’est jamais ouvertement formulé. Le sujet est uniquement évoqué de manière ironique ou par les doutes de Carol à ce sujet. Pourtant, les faits sont là. André, Chloé, Gerlinde et Karl (d’autres personnages feront leur apparition peu à peu) ont besoin de leur dose de sang chaque soir. Sinon ils sont décharnés, cireux et affamés. Ils ne tuent pas par plaisir mais simplement pour se nourrir. Ils se débrouillent en revanche pour que leurs victimes survivent. Et parfois ils se contentent de poches d’hémoglobine. Il s’agit clairement de créatures puissantes qui possèdent la faculté de contrôler l’esprit humain, par hypnose. Ils sont beaux et scintillent presque lorsqu’ils sont rassasiés de sang. Ils se décrivent comme étant des êtres supérieurs, plutôt que de simples non-morts. Ils estiment être au sommet de la chaîne alimentaire. Pourtant, ils gardent un côté très humain, excepté leurs canines voyantes et une force physique accentuée. Ils vivent bien évidemment la nuit. Cependant, contrairement aux stéréotypes, les miroirs reflètent leur image. Bien que discrets, ils n’ont peur de rien. Nous avons l’impression qu’ils règnent tels des dieux cachés tout en ayant une compréhension ultime, de l’univers, de la nature et de la terre, beaucoup plus lumineuse et évidente que celle des humains.
En revanche, la transformation est rare et peut être dangereuse pour la personne qui devient un vampire. Si les deux protagonistes hésitent, cela peut très mal se dérouler et même ne pas fonctionner. L’échange sanguin ne peut se faire. Si cette configuration hésitante subsiste alors un conseil « vampirique » peut être ordonné. C’est à ce moment-là que des anciens pourront aider à ce que la passation sanguine se déroule de la bonne manière.
C’est la seconde fois que je lis cet ouvrage et je ressens la même intensité. D’un point de vue « vampirique », le récit de Nancy Kilpatrick est très intéressant et met parfaitement en place des personnages inoubliables et au caractère affirmé qui évolueront dans les 3 tomes suivants. À vrai dire ce tome 1 Le Pouvoir du sang, comme les suivants, est un véritable page-turner. Une fois commencé, on a le désir et le besoin de le terminer très vite, grâce à la fluidité de la plume de l’autrice. Une saga à lire absolument si on est fan de la (très vaste) littérature vampirique.
Du sang et du sexe… Miam miam !
Merci pour cette chronique !