Après avoir été fait prisonnier et torturé par le roi des Sapiens, Moarte est parvenu à s’évader et à regagner son royaume. De longues semaines lui ont été nécessaires pour guérir ses blessures, et il aspire désormais à une seule chose : la vengeance. Mais si ses hommes sont parvenus à infliger une sévère défaite à leurs ennemis, le roi est parvenu à s’enfuir. Non sans laisser sa propre fille, Valada. Moarte, qui a également été torturé par cette dernière, compte bien la manipuler pour apprendre où se terre son père. Mais ne risque-t-il pas de voir la part Sapiens de son être s’attacher à la jeune femme, malgré tout ce qui les sépare ?
Nancy Kilpatrick n’est pas une inconnue pour qui s’intéresse aux vampires, même en France. Sa série précédente, Le pouvoir du sang, était sortie aux éditions Alire, au début des années 2000. Aux côtés de Tanya Huff, Charlaine Harris et Nancy Collins, l’auteur avait ainsi su s’imposer au sein de la vague post-Anne Rice. Elle a également écrit pour la franchise Vampire le monde des ténèbres, et sa première série, The Darker Passions, se penchait sur l’histoire de Dracula au travers d’un des romans la composant. C’est donc avec un certain intérêt que j’ai suivi l’annonce de la sortie d’un nouveau roman de l’auteur autour de la figure du vampire.
Dès les premiers chapitres, force est de constater que le roman se destine à une audience mature. Les scènes de sexes sont en effet particulièrement présentes et pour le moins explicites (je tiens à préciser que l’auteur m’avait prévenu en ce sens). J’avoue avoir éprouvé un temps une certaine réticence à poursuivre ma lecture, trouvant que cet aspect prenait trop de place sur l’intrigue à proprement parler. Pour autant, passé un premier tiers qui fleure bon le Syndrome de Stockholm, les différentes qualités du récit apparaissent. L’auteur a choisi de confronter Sapiens (les humains) et vampirii (les vampires), chacun vivant sur des territoires différents. Et si certaines allusions tendent à inscrire le monde où se déroule l’histoire dans une chronologie que nous connaissons (le Christ est mentionné), l’humanité semble avoir évolué différemment. De fait, on a fortement l’impression d’être dans un roman uchronique de dark fantasy (les débuts du roman font fortement penser aux prémisses de certaines nouvelles du Conan de Howard), et aucunement dans une histoire d’urban fantasy.
Côté mythologie, les vampires vivent ici en communautés, sous la gouvernance d’un roi. On apprend ainsi au cours du roman que la communauté dont il y est question n’est pas la seule. Si la plupart des vampires ont été transformés, Moarte est quant à lui mi-vampire mi-humain, ce qui lui confère une résistance accrue à ce qui habituellement pose problème à ses sujets (les voix des fantômes, notamment). Pour le reste, les vampires sont ici dotés d’ailes qui leur permettent de voler. Ils se reposent durant la journée et évoluent à la nuit tombée, moment où ils doivent se nourrir de sang. Ils disposent en outre de leur propre langage. Pour les détruire, la décapitation et l’arrachage de cœur semblent être les seules méthodes efficaces.
Un premier opus qui devraient intéresser ceux qui n’ont pas froid aux yeux, mais le roman possède pas mal de qualités (notamment, au niveau de l’univers mis en scène) qui finissent par prendre le dessus.