Comme préambule à la lecture de ce livre, il faut se rappeler que la psychanalyse est une discipline basée sur la parole, et que l’association d’idée découlant de la manipulation des symboles culturels et/ou linguistiques doit être révélatrice du fonctionnement profond de la psyché. En résumant grossièrement.
Si on lit l’ouvrage comme une analyse psychanalytique, c’est tout d’abord le vampire qui est analysé, dans ses incarnations particulières que sont Dracula de Bram Stoker, Edward de Stephenie Meyer et Louis d’Anne Rice. Les humains et autres entités qui croisent leur chemin et partagent leurs aventures, comme Jonathan et Bella, sont analysés comme des personnifications de notre humanité, de notre inconscient collectif, ou tout du moins permettent-ils d’analyser la culture dans laquelle ils s’inscrivent.
Plusieurs thèmes sont alors abordés au fil de l’essai, avec des points plus ou moins heureusement regroupés. Pour faire passer cet arrière-goût de coq-à-l’âne, tentons de suivre les idées comme autant de pistes et de chemins à explorer. Avec un fouillis de références, gardant Freud comme figure de proue, Max Kohn nous expose à peu près une idée par demi-page, il devient rapidement difficile d’une part de tout intégrer, d’autre part de ne pas se sentir frustré que rien ne soit creusé. Entre les mythes archaïques et les représentations d’invariant culturel, on brasse allègrement la morsure de la nature qui devient le baiser de la culture, le mythe du vagin denté, le vampire comme bébé dévorant le sein maternel, les pulsions de désirs incestueux envers les morts… « le vampire est un très grand bébé atemporel, sans nom, constituant un paquet de chair traversé par des fluides vitaux et pulsionnels. » Se mêle à cela une analyse du cinéma où le parallèle se fait entre vampire et cinéma, dans son rapport à l’image, au temps et au hors champ.
J’ai beau m’accrocher et tenter de suivre, quelques prémisses d’argumentaire totalement injustifiés, balancés comme de simples évidences, par exemple : « le visage est forcément celui de quelqu’un. Ainsi, un animal n’a pas de visage » commencent à sérieusement fragiliser le propos. Je commence alors à trouver tout ceci légèrement indigeste, et une idée que je n’osais pas explorer affleure soudain à ma conscience : et si tout ceci n’était que du remplissage ? Joli, bien tourné, de celui des habitués des articles universitaires où il faut boucler une revue, répondre à un thème imposé lors d’une table ronde…
Une référence s’impose à mon esprit :
Sans être parano, si la biographie est riche en essais directement liés au sujet, elle compte peu d’œuvres littéraires (11 sur 146, dont les quatre Twilight), et la filmographie laisse songeur. Tant est si bien qu’on finit par se demander si tout ne finit pas par être une interminable suite de jeux de mots, au mieux, au pire une compilation de résumés rapides et bâclés d’articles et de recherches par ailleurs intéressantes. La quatrième de couverture résume donc bien l’ouvrage. Le contenu en est tout autant abscons et creux. Par contre, la bibliographie contient les références des articles originaux qui semblent plus intéressants.