Recruté par une organisation secrète, Vuk est un chasseur de monstres : vampires, goules, succubes…rien ne lui résiste. Et pour cause : c’est lui-même un monstre. Ancien sniper serbe, il aime le gout du sang, la traque et la mise à mort. Et pour parfaire le tableau, c’est un loup-garou. Mordu lors d’une précédente enquête, il a préféré garder cette condition afin d’assouvir sa vengeance auprès d’un autre loup-garou, trop…dominant. Bien mal lui en a pris : non seulement il est condamné à garder cet état, mais en plus Maximus, le dominant, est un Volkodlak…autrement dit, il n’est pas mort malgré la balle de gros calibre qu’il s’est prise dans la tête. Et c’est maintenant son coéquipier….
Dans cette aventure, Vuk, aidé de Maximus et de quelques autres chasseurs, se frotte aux vampires de tout Paris…car sachez-le : Paris regorge de vampyres prêts à offrir leurs gorges aux vampires, tous plus assoiffés les uns que les autres. Si les premiers ne font que se déguiser et écouter de la musique gothique, les seconds se révèlent bien actifs. Plus que d’habitude. Laissant derrière eux pléthore de cadavres. La situation devient critique : disparitions, bains de sang, les « autorités » sont dépassées. Mais pas nos chasseurs. Confrontés au vampire le plus puissant est le plus « abouti » qu’ils aient vu, ce dernier monte une armée, se constitue son harem…et nos chasseurs ne seront pas au bout de leurs peines.
Entendons-nous tout de suite : amis de la littérature classique, de la finesse et de la volupté, passez votre chemin ! Ce septième tome s’inscrit parfaitement dans la lignée des autres : gros calibre, jeux de mots foireux, gros sons de guitare et de basses…sans compter les grosses baffes ! Dans la tête des vampires et autres humains suicidaires. Ne cherchez pas la tendresse, les bons sentiments, et la morale de l’histoire ! Car la morale, c’est qu’il n’y a pas de morale ! Tous les coups sont permis, surtout ceux crachés par le Desert Eagle de Vuk.
Loin de rentrer dans le conformisme « plan-plan » des histoires de vampires pour adolescentes, les aventures de Vuk sont rythmées, violentes, l’humour y est viril, lourd. Le narrateur, Vuk, a tout pour déplaire. Raciste, antisémite, violent, le parfait anti-héros. Le mec qui fait le sale boulot, celui qu’on engage en dernier recours. Et justement, c’est lui qu’on engage en dernier recours !
Vuk est le genre de personnage que l’on adore détester…mais que l’on déteste en l’aimant. Il représente notre zone d’ombre. Celui que nous sommes tous au fond de nous. Un animal prêt à surgir du fond de notre inconscient, prêt à tout pour survivre.
Les Echappés de l’Enfer représentent à mon sens l’archétype du roman feuilleton, au sens noble du terme. Celui qu’on attend avec impatience, que l’on dévore à peine l’a-t-on acheté. Un bon moment de détente en somme, où l’apparente simplicité des scénarii (un chasseur et ses potes, des créatures de l’Enfer, et les gentils gagnent presque toujours à la fin !) permet d’exploiter d’autres facettes. Et petit à petit, sous le tueur froid et calculateur, au fil des épisodes, on apprend des bribes d’histoires du personnage. Pas l’histoire officielle, présente sur le CV du parfait tueur, mais celle qui a petit à petit fait de lui un tueur, et qui fait qu’il le restera, jusqu’au bout. A chaque volume, on en apprend un peu plus sur la psychologie du chasseur. Quelques bribes, dissimulées ici ou là. Qui le rendraient presque humain !
Pour le reste, dans Les Echappés de l’Enfer, les vampires fonctionnent en structure pyramidale assez classique. Une lignée part d’un « Maître », vampire puissant qui dispose de tous les pouvoirs classiques, mais aussi de ses faiblesses (incapacité à se mouvoir au soleil), qui décide de fonder une sorte de harem, constitués des « Invités ». Ces derniers, relativement puissants, ont pour rôle d’assurer la descendance par le biais de l’accouplement (d’où la notion de « lignée »). Ces deux types de vampires créent également une race de vampires « esclaves », les Seekers, destinés à servir, protéger, et faire office d’armée. Moins puissants, ils disposent néanmoins de la faculté de se mouvoir au Soleil. Un roi et sa cour en somme, chacun luttant pour préserver sa place.
Pour terminer, je recommanderai donc avec plaisir cette série. Pour le plaisir, en écoutant quelques bons morceaux de Motörhead. Histoire d’oublier les soucis quotidiens, de se défouler, et de plonger, l’espace de quelques heures, dans une aventure jubilatoire. Et les plus attentifs pourraient même se trouver surpris de trouver ici ou là, quelques références bien senties, et quelques jeux de mots plus fins… Et comme le dirait si bien Vuk : « Pleased to meat you » !
Bienvenue et félicitations pour cette première belle chronique.