Qui est Cruel Thing ?
Cette créature se métamorphose dans la peau d’une victime anonyme pour la venger ! Vampire ? Fantôme ? Mort-vivant ?
Ce que j’ai aimé principalement, c’est le dessin. Puissant jusqu’au vertige, proposant d’explorer les frontières de la bichromie, il est vraiment très bon. On peut même parler d’un style envoûtant sur certaines pages très fortes. La virtuosité de ce jeune dessinateur argentin est vraiment bluffante, à tel point qu’on en oublie un peu le scénario.
Celui-ci est pour le moins hermétique, proposant une dialectique esthétisante complètement stylisée, mais reposant sur une psychologie de bazar. On a un peu l’impression de lire un roman pseudo néo-gothique pour adolescents, à la manière de la trilogie Twilight.
Cette BD pose un questionnement fondamental à son lecteur. Son héros est-il un vampire, une goule, un démon ? Ses ratiches effilées et son goût affirmé pour le sang semblent pencher pour la première possibilité, et notre ami erre dans les rues à la recherche d’âmes innocentes et de sang frais. Il sera pris à son propre piège, séduit (au sens autant métaphysique que purement sexuel, un grand écart difficilement justifiable par le propos ampoulé) par une entité dont on ne connaît pas non plus la véritable nature.
A lire, ou plutôt à regarder…
La première chose qui marque lors de la lecture de cet album, c’est en effet son dessin pour le moins original (et réussi). Un trait fin et dynamique, avec quelques éléments proche du manga (notamment le côté efféminé du héros), mis en lumière par trois uniques couleurs : rouge, blanc et noir (un choix qui n’est pas sans rappeler Emily the Strange). Ce choix graphique amplifie d’autant plus la teneur érotique et macabre du récit.
Là où l’album pêche, c’est par contre au niveau du scénario. Si on commence la lecture avec un air intrigué, on finit par décrocher complètement, l’hermétisme de l’ensemble n’aidant pas à s’immiscer plus avant dans l’histoire.
Cruel Thing, héros de l’histoire, en est aussi l’entité vampirique principale. Ses caractéristiques sont un peu différentes du vampire classique, Cruel Thing se nourrissant de l’énergie sexuelle de ses victimes. Mis à part les crocs acérés et certains pouvoirs hypnotiques, Cruel Thing est très différent de ce qu’on peut lire habituellement dans le genre.
Un travail graphique très intéressant donc, mais nanti d’un scénario par trop inaccessible, qui risque fort de voir nombre de lecteur décrocher en cours de route.