Traduction : Marc Schirès
Editeur spécialisé dans les ouvrages traitant de sorcellerie, gothique et satanisme, Camion Noir propose avec cet ouvrage de découvrir le versant criminel du vampirisme. Sondra London passe ici au crible un nombre impressionnant d’affaires criminelles reliées à des rituels ou pratiques vampiriques, notamment au travers de l’absorption du sang des victimes par leurs meurtriers. De Peter Kurten à Andrei Chikatilo, en passant par Issei Sagawa, Ted Bundy, Henry Lee Lucas, Jeffrey Dahmer, etc. L’auteur s’atèle en ouverture de l’ouvrage à dresser un panorama assez large de la pénétration du mythe à travers les pratiques sociales et culturelles de notre société, depuis la littérature et le cinéma jusqu’au jeu de rôle.
L’auteur s’attache ensuite à analyser les affaires criminelles contemporaines liées aux vampires, soit par l’aveu des meurtriers eux-mêmes, soit par des rituels de sang, soit d’un point de vue clinique. Le vampirisme criminel est ainsi très souvent rattaché à diverses formes de cannibalisme, de sadisme, de nécrophilie, d’inceste, etc. De manière à s’approcher au plus près des obsessions des tueurs dont elle parle, l’auteur a rencontré, voire correspondu, avec un certain nombre d’entre eux, dont les lettres sont intégrées au fil du texte.
L’auteur termine son ouvrage en remontant à des affaires plus anciennes de vampirisme, notamment autour des personnages de Gilles de Rais, d’Erszebeth Bathory ou encore de Dracula, qui exercent tous trois une certaine fascination sur les meurtriers auto-proclamés vampires.
Le mythe du vampire est donc ici abordé par le biais des tueurs et meurtriers qui se sont assimilés à celui-ci, voire qui ont pratiqué, à travers leurs meurtres, des rituels ou pratiques vampiriques, qu’il s’agisse de boire du sang des victimes, de pratiquer l’échange de sang avec leurs condisciples, etc.
Le mythe apparaît donc ici sous les aspects des déviances qu’il peut engendrer, déviances qui se basent autant sur les sévices qu’ont pu subir les meurtriers en question que sur la fascination qu’a pu avoir sur eux les œuvres (livres et films) ou les pratiques d’identification au vampire (notamment à travers les pratiques de certaines sectes). On découvre également que ce genre de cas se recensent aussi bien aux Etats-Unis, qu’en Europe, en Afrique, en Asie, etc.
Au final, il s’agit là d’un ouvrages très noir, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’auteur y relate sans censure les meurtres et exactions des tueurs dont elle analyse les parcours, les motivations, la relation au sang et à la chair. Le ton est cru et sans fard, donnant régulièrement au lecteur une forte impression de mal à l’aise au fil des pages. Il n’en reste pas moins que cet ouvrage d’une noirceur indéniable nous remémore sans ambiguïté que les vampires ne sont pas que les créatures innocentes mises en scène par Stephenie Meyer et la Bit’Lit’, et que la frontière entre le mythe et le crime n’est pas aussi large qu’on pourrait le penser.