Qui était réellement Dracula ? C’est ce que nous propose de connaître l’autrice Dorica Lucaci avec son essai Dracula, le mail aimé de l’histoire, publié chez L’Opportun. Elle met en corrélation le mythe et le personnage historique en 204 pages. Cet essai est composé de trois parties qui sont pourvues de paragraphes tiers et de nombreuses annexes. Il y a aussi beaucoup de références et des encadrés mettant l’accent sur un point précis à évoquer. La maquette est très distrayante de plus, ce qui met en avant un côté assez ludique durant notre lecture. Les pages sont parfois parsemées de chauve-souris (comme sur la couverture) et de nombreuses illustrations historiques y sont reproduites. Nous pouvons trouver un glossaire bien évidemment, et une table des matières. L’ensemble est très joli et le violet parsemé de chauves-souris sur la couverture est pertinent.
Comment s’éloigner de la fiction pour s’approcher au mieux de l’Histoire. C’est ce postulat, assez ardu à entreprendre, dont s’empare l’autrice en si faible pagination. Difficile, car premièrement il existe très peu de textes officiels parlant de la vie de celui qui inspira le roman de Bram Stoker Dracula. Et deuxièmement, il existe déjà beaucoup de livres ou d’essais consacrés à Vlad Tepes dont un qui fait, je pense, référence : la biographie écrite par Matei Cazacu s’intitulant tout simplement Dracula, dont Dorica Lucaci cite de nombreuses fois des informations. Chose difficile donc pour elle de réaliser un livre qu’il faudra que l’on remarque parmi toutes les publications déjà existantes.
Mais parlons de celui qui a si bien inspiré Stoker. Il s’appelait Vald III Basarad, surnommé Vlad Tepes III, L’Empaleur, aux vues de sa courante pratique de faire subir cette torture à ses ennemis ou de l’appliquer en punition. Cet acte cruel, comme le fait remarquer Dorica Lucaci, est assez courant à cette époque. Même Mathias Corvin, l’un des protecteurs de Vlad Tepes III, en avait l’habitude. Vlad Tepes III régna donc sur la Valachie durant trois périodes différentes, ponctuées d’aléas sanglants et de fuites. Un règne cadencé par des guerres ou des conspirations visant diverses finalités, qu’il vainquit courageusement. Sa dynastie portait l’étendard du Dragon, traduit par Drăculea, ce qui donna également comme surnom à notre prince de Valachie, Vlad Dracul, voïvode de son état, un titre honorifique. Le contexte de cette époque, pleine de férocité, en fit un homme dont la légende perdura, même s’il fut indubitablement conspué, et comme je le disais plus haut aucun texte vraiment officiel ne pourra jamais authentifier tout cela.
Cet essai se lit très bien et sans difficulté nous pouvons appréhender les teneurs et les aboutissants liés à la vie difficile de cet épisode historique avec clarté. Partagé entre guerre, arrangements politiques et tromperies, Vlad Tepes nous apparaît comme un homme et un guerrier courageux plein de ressources pour survivre à tout cela. C’est un homme droit et apte à détruire son ennemi : les Turques et plus particulièrement Mehmed II, le 7e sultan de l’Empire Ottoman. Quoi de plus normal qu’un écrivain, passionné par les évènements occultes, finisse par tomber sur ce personnage historique et décide d’en faire un personnage de fiction hors du commun. Bien évidemment, Dorica Lucaci nous informe comment en est venu Bram Stoker à s’intéresser à Vlad Tepes avec un paragraphe consacré à cet effet. Et c’est fort intéressant.
Un des points abordés dans cet essai qui m’a le plus intéressé c’est la partie 3 sur les amours, mariages et conflits qui mettent en avant le rôle des femmes à cette époque et auprès du Prince de Valachie. Très peu évoqué c’est très captivant de découvrir que souvent, même si nous le savons déjà, les femmes étaient surtout cantonnées à servir de monnaie d’échange ou pour souder un arrangement ou un rapprochement politique. Nous apprendrons que certaines femmes se sont même mariées plusieurs fois de suite avec différents nobliaux, ou même qu’il n’était pas nécessaire d’être de sang noble pour se marier avec l’un des leurs. Nous apprenons une petite idylle, fausse ou vraie nous n’en saurons jamais rien, entre Vlad Tepes III et une belle Saxonne.
En conclusion, ce petit essai de Dorica Locaci, autrice n’ayant publiée jusqu’ici que des livres pratiques sur les animaux, s’avère ludique, joli et au contenu très bien rythmé et possédant de nombreuses informations sur Vlad Tepes III, son époque, ses difficultés, ses ennemis, son histoire et de nombreux petits rajouts qui rendent le livre très bien fourni. Tout en étant pas du tout trop dense et ayant la faculté à distraire tout en apprenant des choses.