Harry Keogh est retourné dans notre monde, après son périple au cœur de La source, un univers parallèle d’où sont issus les Wamphiri. Son fils, infecté lui aussi par le mal qui ronge ces créatures, lui a retiré à la fois sa capacité à parler avec les morts et à voyager par-delà le temps et l’espace, dans le continuum de Möbius. Harry essaie tant bien que mal de retrouver une vie normale, mais c’est sans compter la menace que fait planer Janos Ferenczy sur le monde.
Car si Dragosani, Thibor Ferenczy et Yulian Bodescu ont été détruit, la descendance de Faethor n’est pas pour autant tarie. Car Janos, son fils naturel, est sur le point de refaire surface, après s’être dissimulé pendant des siècles. Un peu par hasard, des membres du réseau E-Branch découvrent son existence, quelque par en Grèce. Mais sont-ils de taille à lutter contre un vampire doté de pouvoirs uniques ?
Les deux premiers tomes de la série m’avaient littéralement scotché, et le troisième opus, qui explorait des versants davantage SF, explorait avec un certain brio les origines du vampirisme vues par Lumley. Qu’allait donc apporter ce 4e opus, jamais traduit en France, à la saga ? Pour le coup, on retrouve l’ambiance des deux premiers tomes, le premier tiers du scénario étant pour le moins orienté polar / espionnage, avec une légère touche de guerre froide. L’effet de surprise est donc moins présent que dans le tome précédent, ce qui met ce 4e volet un très léger cran en-dessous des précédents. Mais le style de Lumley, sa connaissance des codes du genre, et son amour de Lovecraft (auquel sont faites pas mal de références) sont bien là, et conduisent le lecteur à explorer de nouvelles facettes des Wamphiri.
Même si on revient sur des codes plus classiques, déjà utilisés lors des premiers opus (et il en va, en partie, de même pour les rebondissements), j’avoue m’être sans mal fait happer par la plume de Lumley, que je découvrais pour la première fois en langue originale. Pour le coup, le traduction des trois premier était donc d’assez bonne facture, car la noirceur de l’ensemble, et la personnalité assez particulière de Harry Keogh, m’ont semblé assez conforme à ce que j’en connaissais. Et en tant qu’amateur de HP Lovecraft, c’est agréable de débusquer des références à certains personnages de son oeuvre (Joseph Curwen notamment), ou a des divinités du panthéon de l’auteur de Providence.
Niveau vampirique, si Harry échange beaucoup avec Faethor dans cet opus, LE vampire est ici nul autre que Janos, fils naturel de Faethor. Un wamphiri incomplet, dans le sens où il n’a pas été infecté de la même manière que Bodescu, Dragosani ou encore Thibor, mais n’en possède pas moins de nombreuses caractéristiques propres aux Wamphiri. Douée pour la nécromancie (qu’il va pousser dans ses ultimes retranchement), c’est un télépathe très puissant. Capable de transformer les humains qu’il infecte en des zombies en son pouvoir total, il semble avoir besoin de sang pour survivre, au moins le temps de s’incarner dans une enveloppe charnelle.
Proche de la tribu tzigane dont sa mère était issue, il partage avec les vampires classiques (et avec son père) un lien fort avec les gens du voyage. Capable de se transformer (mais de manière limitée), il ne peut être blessé que par des armes en argent. Dans ses récits, Faethor fera par ailleurs référence à une personnalité historique connue des amateurs, puisqu’il s’avère que sa route croisa celle de la comtesse Bathory.
Un quatrième opus qui, bien que moins surprenant et riche en enseignement que le précédent, n’en poursuit pas moins la série avec maestria. De quoi donner une furieuse envie de se plonger sans tarder dans le 5e et dernier opus de la série mère.