MacDonald, Philip. Le Vampire

La petite ville de Holmdale se retrouve endeuillée lors du meurtre de Lionel Colby, un enfant d’une dizaine d’années. Bientôt, le journal local, la police et le PDG de la principale entreprise des environs reçoivent une lettre identique, dans laquelle l’expéditeur revendique le meurtre. Signée «Le Vampire », la missive n’est malheureusement que la première d’une longue liste. Dépassée, la police locale voit débarquer l’Inspecteur Pike, un des fins limiers de Scotland Yard. Celui-ci parviendra-t-il à mettre un terme aux exactions du tueur ?

C’est Jean Marigny, dans un article intitulé «Détectives et vampire», qui avait porté pour la première fois à ma connaissance le court roman de Philip MacDonald. En plein travail sur les liens entretenus par le genre policier envers les vampires, il me semblait assez a propos de me pencher enfin sur ce texte. L’auteur est considéré comme un des romanciers importants de l’âge d’or du récit policier anglais, il y a donc un double intérêt à le voir aborder le thème du vampire. A noter qu’en anglais, le titre est Murder Gone Mad – Meurtrier devenu fou -, alors que le titre français choisit de souligner le pseudonyme du tueur.

Si les premiers chapitres voient se succéder les différents meurtres, et la manière dont y réagissent les autorités locales, le livre prend une tournure un peu différente au moment ou Pike, inspecteur du Yard, rentre dans la danse. A la tête de l’enquête, il devient le protagoniste central, bien décidé à mettre un terme aux crimes. Le personnage peut apparaître quelque peu transparent, mais sa capacité à se faire accepter de la police de Homdale comme son empathie pour la fille de sa logeuse finissent par lui donner une certaine épaisseur. Les amateurs de Police Procedural apprécieront devraient par ailleurs apprécier les documents qui permettent à Pike de se faire une idée globale de l’enquête, intégrés au texte. Il s’agit pour autant d’un sous-genre du roman policier qui apparaît bien plus tard, après la deuxième guerre mondiale. On est ici en présence d’un whodunit : tout tourne autour de la recherche de l’identité du tueur. Et il n’est pas inopportun de souligner que MacDonald a été un des premiers romanciers à mettre en scène des tueurs en série. A ce niveau, Le Vampire pré-date The Mystery of The Dead Police, autre roman de l’auteur sortie en 1933 qui est davantage passé à la postérité pour cette particularité.

L’approche de Philip MacDonald s’impose rapidement au lecteur : il n’y a strictement rien de surnaturel dans le récit. La sauvagerie des crimes est réelle, mais les corps ne portent pas de traces de morsures, et les coups portés semblent bien être le fait d’une arme blanche. A aucun moment, les différents protagonistes n’émettront un doute à ce sujet. Pour autant, il est fait allusion plusieurs fois à l’affaire du «Vampire de Düsseldorf», survenue en 1929. Murder Gone Mad ayant été publié 2 ans plus tard, il porte la marque de cette affaire criminelle, qui tisse un lien durable entre le vocable vampire et les tueurs en série.

Un roman court et pas inintéressant, qui se cristallise autour de l’opposition entre la figure de l’enquêteur et celle du tueur en série. Pour les amateurs de la chose vampirique, il y a surtout à considérer les références aux meurtres commis par Peter Kürten, dont ce roman prouve la rapide digestion au sein de la fiction policière.

MacDonald, Philip. Le Vampire

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