Seriez-vous prêts à chatter sur le Net avec un …vampire ? À acheter un cercueil sur un site d’occasions ? Ou bien à goûter une délicieuse soupe préparée par un mort-vivant aux talents culinaires quelque peu inquiétants ? Succombez à la mystérieuse musique d’un vampire mélomane, le long des falaises battues par les vents et les ténèbres, ou entrez dans les noires pensées d’une goule épuisée par sa propre résurrection… Mais surtout, méfiez-vous des corbeaux aux yeux luisants et des charrettes aux roues geignantes ! Ce sont là quelques-uns des terribles voyages que vous propose ce recueil : treize histoires de vampires mariant effrontément l’horreur absolue à la poésie la plus décadente. Treize nouvelles gothiques au style puissant et macabre, dont les images fortes ne vous laisseront pas indemnes…
Premier contact avec le style de Malaïka Macumi pour ma part, et je dois dire que dès la première nouvelle j’ai été conquis. Conquis par la multiplicité des visages que l’auteur parvient à donner au vampire au fil des nouvelles, partant du moyen-âge pour finir au 19e siècle, en passant par la révolution, l’époque actuelle, etc. Conquis également par la richesse des lieux abordés, qui nous emmène en Bretagne, à Venise, en Transylvanie, à Paris… Cette diversité ne nuit aucunement au style, l’auteur s’en sortant à merveille quel que soit les époques et les styles, avec ceci dit une préférence pour l’époque romantique et ses formes littéraires (le style épistolaire notamment).
Peu redondant, jamais cliché, voilà certaines des forces de ce recueil qui est d’une qualité rare pour un premier ouvrage. Aucun faux-pas à mon sens, l’ensemble des histoires étant abouties et ayant un délicieux goût de ce fantastique que je peine à retrouver dans les sorties actuelles. Les Editions du petit caveau ont une fois de plus fait preuve de flair en éditant ce recueil, qu’on espère rapidement suivi de nouveau texte du même auteur.
En partant du château de Poienari, pour terminer sous le couperet de la guillotine, l’auteur explore un mythe qui retrouve le chemin du rapport Eros – Tanathos chers aux auteurs classiques, à milles lieux de la vision édulcoré qui prime actuellement. Qu’ils soient humains ou vampires, ses personnages hésitent sans cesse entre tentation, malédiction et folie, traversant le temps sans pour autant perdre leur force d’évocation. Jamais crues, jamais pudiques, les nouvelles de Malaïka redorent le blasons du vampire, en le rendant à sa dualité primaire. L’auteur en profite également pour croiser d’autres mythes, celui de Frankenstein, celui des loups-garous, celui du peuple fée… sans jamais tombé dans la facilité. Une connaissance forte des archétypes du fantastique, alliée à une très belle plume, voilà qui augure du meilleur pour la suite.
Les vampires de Malaïka obéissent aux caractéristiques classiques du genre. Il s’agit de vampires noctambules qui ont besoin d’un apport sanguin pour survivre aux affres du temps, qu’ils doivent tuer ou non leurs victimes pour cela. ils sont aussi doué de pouvoirs surnaturels, comme la persuasion. Ils peuvent toutefois être retenus magiquement captifs, et être tués par la morsure du soleil ou la décapitation. Immortels, ils semble cependant éprouver des difficultés à vivre seuls, et semblent sans cesse à la recherche de compagnons avec qui poursuivre leur périple à travers la nuit.
Un excellent premier recueil, servi par une très belle plume, des références de très bon goûts (preuve en est des quelques clins d’œils littéraires qui émaillent les nouvelles du recueil), et une grande habileté à se jouer des lieux et des époques. J’attends de pied ferme la suite des œuvres de l’auteur, qui propose un sans faute dès son premier recueil.
Superbement écrit et les frissons sont au rendez-vous ! Ai beaucoup aimé !