Avec le succès récent de la tétralogie Twilight de l’Américaine Stephenie Meyer et du premier film qu’elle a inspiré, les vampires sont de nouveau sous les feux de la rampe. Depuis plus d’un siècle, Dracula et ses semblables sont omniprésents dans la littérature et le cinéma fantastiques, fascinant un public de plus en plus nombreux et de plus en plus diversifié, à tel point que l’on peut parler aujourd’hui d’un véritable mythe des temps modernes. Le but de ces 50 questions est de s’interroger sur les origines lointaines de ce mythe afin de mieux comprendre pourquoi et comment il est devenu l’un des grands thèmes de l’imaginaire contemporain : qu’est-ce qu’un vampire ? d’où vient-il ? comment est-il entré dans la littérature moderne ? pourquoi est-il devenu aujourd’hui l’un des thèmes récurrents du cinéma fantastique ? pourquoi, enfin, les vampires sont-ils toujours aussi fascinants dans un monde devenu rationaliste ?
Encore un nouvel ouvrage encyclopédique sur le sujet des vampires pourrait-on prétendre en lisant la quatrième de couverture de cet essai paru aux éditions Klinksieck. D’autant que le titre se rapproche très facilement de celui d’une saga vampirique pour ado qui défraie la chronique en ce moment. Mais ce serait mal connaître le maître d’œuvre en présence, grand spécialiste du sujet, dont la thèse est une référence absolue pour qui s’intéresse la la littérature vampirique. Il s’attèle ici, à travers une cinquantaine de questions auxquelles il répond avec moult détails, de dresser un panorama complet du vampire, ses origines, la manière dont il est devenu un canon incontournable dans notre culture, notamment à travers les films ou les livres.
La grande force de ce livre, par rapport à la thèse de Jean Marigny et à des ouvrages plus anciens comme Sang pour sang le réveil des vampires est de propose une importante mise à jour des références en présence. En effet, l’auteur démontre par l’ampleur des références citées qu’il continue son travail avec exhaustivité, citant autant Le Fanu ou Calmet que Stephenie Meyer, Laurell K Hamilton ou d’autres bien moins connus. De nombreux ouvrages cités ne sont ainsi pas disponibles dans notre langue, et risquent fort d’attirer, pour ceux dont Jean Marigny vante les mérite, le lecteur un peu bilingue.
Le mythe est abordé ici de manière on ne peut plus exhaustive. Il est en effet aussi bien question (même si avec une ampleur moindre que le Histoire des vampires de Lecouteux précédemment chroniqué) du mythe tel que présenté par la culture populaire que de sa récupération par la littérature, puis par le cinéma, l’auteur donnant un nombre impressionnant de références pour ces deux domaines. Il est également question de la porté politique, sexuelle ou encore religieuse du mythe et la manière dont elle a pu se manifester.
Un ouvrage très complet, qui démontre l’érudition de son auteur en la matière, sans que cela passe pour un étalage de connaissances mais bien pour un point de départ intéressant vers de nouvelles lectures et de nouvelles séances vidéo ou cinéma.
Jean Marigny est effectivement LA référence absolue en ce qui concerne les vampires, et avec cet ouvrage, il répond tout à fait aux "contraintes" de la collection 50 Questions, sans jamais paraître redondant par rapport à ses autres essais (je n’ai pas lu sa thèse, mais le vampire dans la littérature du 20ème siècle, et bien sûr sang pour sang).