Lors d’un repas en tête à tête entre Misaki et Kuroe, une remarque de la jeune fille ramène l’écrivain à l’époque où, sous l’enseignement de Reiji, il n’était encore qu’un apprenti Vanatore, pas toujours très à l’aise quand il s’agissait de faire face aux créatures de la nuit. Difficile de presser la détente quand ceux qui vous font face ont l’apparence d’êtres humains comme les autres.
Ce huitième tome de la série Blood Alone rompt quelque peu avec l’habitude poétique des précédents opus, en revenant sur les années de formations de Kuroe. Du coup, la relation avec Misaki passe au second plan, même si elle sert à la fois d’introduction et de conclusion. Davantage centré sur l’action, et la prise de conscience de Kuro de la réalité de la tâche qui l’attend comme du besoin de protéger ceux qu’il aime, ce 8e opus risque de surprendre quelque peu ceux qui suivent de près la série.
Si ce changement d’ambiance n’est pas une mauvaise chose, et permet de faire avancer (même si de manière encore voilée) l’intrigue principale, force est d’avouer que les passages entre le passé et le présent ne sont pas toujours très fluides, et que certains personnages manquent cruellement de substance. Malgré tout, la lecture reste plaisante, en présentant de nouveaux personnages qu’on espère retrouver dans le futur (en tête, Lancelot).
Le dessin de Masayuki Tanako est toujours de bonne facture. Son trait fin et précis s’avère aussi lisible et convainquant dans les scènes d’action que dans les moments de calme. Et si on est ici très proche de l’ambiance d’un shojo, le dessin est nettement plus intéressant et affirmé.
On découvre ici le nom du chef de l’Insigrad Sparda : Mordred. L’existence de ce mystérieux organisme est connu depuis plusieurs opus maintenant mais c’est une des premières fois qu’on lève un peu plus le voile sur le mystère qui l’entoure. Le lien se fait également avec la matière de Bretagne (ce que le nom de Mordred pouvait déjà laisser à penser), à travers la présence d’un nouveau groupe mystérieux : La table ronde, et de Lancelot, l’un de ses membres. On apprend également que les pouvoirs des vampires s’affaiblissent au fil des générations, et que les anciens vampires sont dotés de pouvoirs surnaturels sans commune mesure.
Un tome très différent des précédents, qui a le mérite, via un flashback qui prend la totalité de l’histoire, de préparer la suite en détaillant les différentes factions en présence, tout en revenant sur l’histoire de Kuroe. Reste que la structure du récit n’est pas toujours très fluide, car les allers-retours avec la trame centrée autour de Kuroe et Misaki sont parfois brutaux.