On pourrait voir en lui une sangsue. Pourtant, contrairement à bien des politiciens, Ethan Carrick est un type bien. Beau, riche propriétaire d’un casino, c’est aussi un vampire. Et la Nation Vampire est en année électorale. Ce qui signifie qu’Ethan va devoir non seulement échapper aux tueurs à gages de son adversaire, mais, surtout, se trouver une première dame. Pourquoi pas la parfaite et adorable Brittany Baldizzi ? Les choses se gâtent quand la soeur ultra-protectrice de Brittany entre en scène. Car Ethan ne tarde pas à découvrir que c’est pour elle, la mordante Alexia, qu’il craque à sang pour sang. Et, elle a beau le nier, quelques ébats amoureux avec lui ne lui déplairaient pas. Oui, mais voilà : une simple mortelle saura-t-elle faire ressentir quelque chose de nouveau à ce don Juan de neuf cents ans ?
Le rêve de beaucoup de vampires s’est réalisé ! La Nation Vampire existe, elle a un président et sa capitale est à Vegas. Un postulat de départ qui m’a bien fait sourire et intriguer. Des élections chez les dents longues, eux qui ne jouent jamais vraiment fair play ?
Car dans cette élection pas comme les autres, au delà des discours et des apparences, chacun est prêt à tout pour faire valoir sa candidature : Donatelli en engageant un tueur pour refroidir définitivement Ethan qui de son côté va se marier pour faire oublier combien il aime le beau sexe. Enfin l’idée du mariage vient surtout de son directeur de campagne, Seamus, qui pense que ça fera bien auprès des électeurs.
D’où l’entrée en scène des soeurs Baldizzi ; Brittany d’abord, une jeune femme au tempérament doux et conciliant, qui n’a pas tardé à deviner la nature surnaturelle d’Ethan et de son entourage. Elle accepte sans hésiter de l’aider même si elle tient avant tout à « le sauver de la damnation éternelle » (ahah). Et Alexia, l’exact opposé de sa soeur. Ultra-protectrice, agressive, hystérique et avec un penchant pour l’attaque physique, elle ne croit pas un instant ce qu’Ethan lui affirme, à savoir qu’il est un vampire, et va tout faire pour sortir sa soeur de ses griffes, quitte à mettre à mal la stratégie de Seamus.
Même s’il n’est pas très développé, l’aspect politique du livre est vraiment savoureux : la façon qu’ont les maîtres vampires de s’affronter à peut-être changé, mais l’idée reste la même : assurer la pérennité de la race. Ethan est pour maintenir une certaine discrétion, alors que Donatelli souhaite le retour d’un peuple au sommet de sa puissance et qui dominera les humains.
Donc, le point fort du livre est ailleurs, dans ses personnages tous très intéressants. Alexia, cette humaine bouillante est le centre de l’attention. Tout le monde redoute ses réactions imprévisibles et ses sautes d’humeur. A côté, Ethan, 900 ans de vampirisme assumés passe pour un garçon posé, taquin et joueur dés qu’il s’agit des femmes et même si ce rôle l’ennuie parfois, investi dans sa tâche de président. Brittany, malgré un côté naïf est loin de manque d’intelligence. Tout ce petit monde est bourré de sensibilité et de petits secrets, qui, révélés au fil de l’histoire les rend de plus en plus attachants.
C’est de la romance, pure et dure, à base de « je t’aime (bien) moi non plus ». Ethan et Alexia se tournent autour, assez longtemps pour que le livre en devienne un peu long et qu’on se raccroche aux fourberies de Donatelli pour le poursuivre. Le style est plutôt bon, enlevé et vif, le texte plein d’humour et l’auteur n’hésite pas à appeler un chat un chat. Seul bémol le caractère fort (et parfois gamin) d’Alexia s’adoucit un peu trop rapidement à mon goùt après une folle nuit d’amour.
Pour l’aspect vampirique du livre, bien que le casino d’Ethan en compte beaucoup, il est le seul dont on connaisse l’étendue des pouvoirs. En 900 ans, il a eu le temps d’acquérir ce qui se fait de mieux chez le maitre vampire : force et rapidité décuplées, lecture et manipulation les esprits (ne marche pas sur certaines personnes, ne passe pas à l’image quand il est filmé par une caméra (ce qui peut donner une situation aussi hilarante que gênante dans un ascenseur), régénération accélérée, il peut même faire un tour sous le soleil couchant sans finir en barbecue et voler. Une accumulation peut-être un peu exagérée,mais étant donnée qu’il ne fait pas un étalage constant de ses capacités,on lui pardonne. Son principal talent reste d’avoir la réplique qu’il faut quand il faut, que ce soit en public ou en privé.
Sang pour Sang est une lecture qui n’a pas d’autre prétention que de divertir. Erin McCarthy a su développer un univers attrayant, mélangeant l’amour et la politique, deux sujets forts. Certains points restent en suspens comme ce qu’il va advenir de personnages secondaires, tous aussi intriguants que les héros ce qui poussera inévitablement à la lecture du tome deux. En tout cas, c’est ce que j’ai l’intention de faire.