À travers une Europe dévastée par un mal qu’il a lui-même déclenché, Lord Baltimore poursuit sa quête de vengeance, toujours sur les traces du vampire Haigus. Durant son périple, il croisera notamment la veuve d’un soldat pas aussi mort qu’il n’y paraît, ou encore un scientifique déterminé à guérir le mal par la science, quitte à faire acte de tératologie au fil de ses expériences. Mais il n’en oublie pas pour autant qu’un inquisiteur est sur ses traces.
Troisième recueil VF pour cette série aux commandes de laquelle on retrouve le père d’Hellboy et celui de la saga consacrée au vampire Peter Octavian. Deux narrateurs parfaits pour plonger le lecteur dans une uchronie résolument sombre, où la première guerre mondiale s’est arrêtée suite à un mal plus grand encore. Ce troisième opus retrouve le rythme de certains des recueils d’Hellboy, en se structurant autour de plusieurs petits récits mettant essentiellement Baltimore en scène, même si deux autres protagonistes (Haigus et l’inquisiteur) ont droit à leurs propres récits.
C’est sombre, très pulp dans l’ambiance, et il faut bien avouer que niveau créatures, les auteurs développent peu à peu les possibilités de leur univers, ne se limitant plus aux vampires (de la même manière que l’épidémie prend désormais des proportions plus grandes, voyant d’autres créatures de l’ombre se révéler). Un mélange improbable entre Les Aventures d’Adèle Blanc-Sec (pour le contexte historique et certains personnages / idées) et Hellboy (pour le bestiaire qui n’a de cesse de s’enrichir), mais avec peu (voire pas) de touches d’humour.
Le dessin de Ben Stenbeck est très proche de celui de Mike Mignola. Les couleurs sont résolument sombres (le noir et le rouge se détachent nettement du lot), et le trait assez acéré, les visages des personnages semblant parfois taillés à la serpe. Graphiquement plus réussi et homogène que d’autres séries sur lesquelles Mignola a apposé sa marque (comme BPRD), on croirait régulièrement être face à des planches dessinées de la main du père d’Hellboy.
Les scénaristes ne reviennent pas sur les origines des vampires de cet univers, déjà bien détaillés dans les deux précédents volets. Pour le reste, dès les premiers combats ils rappellent que les vampires sont des créatures mortes revenues à la vie, qui craignent la lumière du soleil et peuvent être tuées par la lumière du soleil comme par la destruction de leur cœur. Pour les vampires les plus anciens, est de nouveau mise en avant l’idée que la maladie (ici la peste) s’étend dans leur sillage, en faisant de réels annonciateurs de la mort.
Une série qui ne cesse de prendre de l’intérêt au fil des tomes. L’uchronie est maîtrisée et intéressante, les idées scénaristiques commencent à s’approfondir, voyant la trame prmitive prendre de l’ampleur, sachant que trois personnages principaux (dont Baltimore) se détachent désormais. J’attends de voir comment tout cela va se poursuivre (et il va vraiment falloir que je jette un oeil au graphic novel – pas traduit – qui sert d’introduction à la série).