Danny, Sam et Amy sont trois lycéens en mal de reconnaissance, qui subissent les brimades régulières de leurs camarades. Tandis que Danny s’essaie au parkour en compagnie de ses deux amis, il est victime d’un accident et finit avec de multiples fractures au niveau du cou et du dos. Alors qu’il est seul, de nuit, dans sa chambre d’hôpital, un vampire le mord et le fait disparaître. Il se réveille trois jours plus tard, dans une planque appartenant au buveur de sang. Celui-ci, un ancien policier, entend faire de Danny le premier soldat d’un groupe qu’il envisage de monter. Il apprend rapidement au jeune homme à se servir de ses pouvoirs, avant de le laisser repartir. Mais Danny compte bien ne pas garder son nouvel état pour lui seul, et il a tôt fait de proposer à Sam et Amy de les transformer à leur tour.
Night Club est la dernière création en date de Millarworld, l’univers partagé (et label) imaginé par Mark Millar en 2003. Le scénariste y a peu à peu regroupé les différents titres qu’il a pu écrire au fil des ans, notamment Kick-Ass, Kingsman ou encore Jupiter’s Legacy. La question des adaptations à l’écran de ces histoires est au cœur du processus de Millarworld, ce qui explique sans doute le rachat par Netflix en 2017. Night Club a en premier lieu été pensé comme une série pour la télévision (Netflix planche déjà sur une adaptation), mais c’est le comics qui voit le jour en premier, publié par Image Comics entre décembre 2022 et juillet 2023. La minisérie est donc clairement réfléchie dans une optique media mix, déclinée en parallèle sur plusieurs supports. Elle est aussi dans le moule des productions de Mark Millar, et met en scène de jeunes adolescents qui décident de prendre en main leur destin en même temps que les pouvoirs dont ils sont désormais porteurs.
Il y a d’emblée un côté très teenage movie vampirique à cette minisérie, qui se pose comme un descendant de Vampire vous avez dit vampire, Vamps et Aux frontières de l’aube. Reste que Millar, s’il convoque les poncifs du genre, veille à moderniser son propos et à l’ancrer dans un monde bien contemporain. À l’ère des téléphones portables, c’est en voulant briller devant les caméras que Danny se brise le dos… avant qu’un nouveau destin ne s’ouvre à lui suite à une morsure de vampire. On retrouve dans le même temps le sel des histoires de superhéros (je pense notamment à Spiderman), avec l’idée que les anciennes victimes possèdent désormais les atouts pour faire front. La question des pouvoirs, de ce qu’on en fait est centrale dans le récit. Mais Millar rappelle aussi à ses héros qu’ils évoluent dans un monde d’adulte, et que leur notoriété nouvelle n’est pas sans danger.
Le dessin de Juanan Ramirez colle bien à l’ambiance de la minisérie. L’illustrateur fait des choix intéressants, comme celui de doter ses protagonistes de costumes de luchadores pour protéger leurs corps de la lumière. Et offrent la possibilité de scène de jours, même après la transformation des trois personnages. Le dessin est réaliste et évite les poncifs du comics de superhéros, la couleur relevant un peu plus l’ensemble. Le titre est relativement coloré malgré le thème vampirique, même si ce sont surtout les costumes du trio de vampires (et le sang) qui crèvent la nuit.
On est face à une approche assez classique de la figure du vampire. Il s’agit de créatures qui ne supportent pas la lumière du jour, doivent être invités pour pénétrer un lieu, et ne peuvent traverser l’eau courante. En revanche, elle peuvent se transformer en brume ou en animal, pour peu qu’il leur reste assez d’énergie (de sang) pour cela. La consommation de sang est nécessaire aux protagonistes, même si ce point est relativement laissé de côté pour les personnages principaux (sauf pour ce qui est de prélever le sang sur l’un de leurs congénères). Il y a enfin l’idée de vampires plus anciens, qui perdent certaines de leurs capacités, et sont protégés par des vampires plus jeunes.
Night Club est une minisérie pas désagréable, avec son cocktail d’action, de romance (légère) et ses enjeux entre teenage movie surnaturel et super héros. Pas la série du siècle, mais un croisement plutôt sympathique entre la plume de Millar et le thème du vampire.