La formation de Heinrich, rebaptisé Requiem par ses pairs, achevée, le voilà propulsé au coeur du conflit que se livrent lémures et vampires. Toujours partagé entre les lambeaux de son amour mortel et les obligations de sa nouvelle vie, Requiem va peu à peu endosser pleinement son rôle de chevalier vampire, et prendre goût à la furie qui règne au coeur des batailles. Là, il découvre que le temps et l’espace projettent parfois les combattants dans le passée ou le futur, les obligeant à faire face à d’autres belligérants. Matière également à faire connaissance avec d’autres races qui sévissent sur Resurrection, comme les pirates, les goules et les lémures.
Ce deuxième opus se poursuit alors qu’Heinrich et Otto sont sur le champ de bataille, dans une posture difficile. Rebecca contact alors par télépathie : l’épée vampire de l’ancien nazi avait donc vu juste, sa maîtresse a elle aussi été propulsée dans ce purgatoire infernal. Dès lors, le chevalier vampire est hanté par la voix de cette qu’il a aimé : la seule façon pour lui de la revoir est d’exécuter Otto. Malgré ses doutes, Heinrich hésite : Otto est la seule personne sur laquelle il peut s’appuyer, son ami. Cette suite dévoile plus en avant de nouveaux protagonistes, comme Claudia et Mortiis, lequel semble être un maillon important dans un complot qui vise à renverser le pouvoir vampirique. Dans le même temps, les auteurs montrent combien les apparences sont trompeuses : Heinrich n’a pas fait que porter l’uniforme nazi, il s’est comporté comme un barbare jusqu’à son dernier souffle.
Le dessin de Ledroit est dans la droite lignée du précédent album. Son trait incisif et audacieux, allié à une mise en couleur directe exceptionnelle, qui fait la part belle aux tons rouges et sombres, met magnifiquement en scène l’univers macabre et baroque de la série. Heinrich à un petit côté Louis de la Pointe du Lac, torturé qu’il est par ses souvenirs du passé, et surtout par l’image de Rébecca, celle qu’il a aimée et qui continue de le hanter.
Les vampires de la série vivent dans la luxure et la débauche la plus totale, partagés entre des soirées et fêtes démesurées où le sang coule à flot et les batailles rangées contre leurs ennemis Lémures. Une orientation baroque à souhait donc, magnifiquement rendue par un dessin chargé et des couleurs saturées à souhait. La rencontre avec les Lémures sera l’occasion pour Otto de révéler à Heinrich que ce qui donne le goût au sang, ce sont les péchés de celui aux veines duquel on s’abreuve. De la figure du vampire, les auteurs convoquent également la luxure (par l’entremise de Claudia, bien décidée à séduire Heinrich) et la duplicité.
Une suite à la mesure du premier opus, qui dévoile un peu plus l’univers tout en montrant combien la stabilité de la nation vampire tient à un fil.