Prologue. En 1262, l’ordre des chevaliers teutoniques affronte les forces russes. Guidées par Barbarossa, armé du marteau Thurim qu’il déroba dans l’arche d’alliance, les troupes teutoniques se retrouvent dépassées par les pouvoirs du marteau, qui les conduit à leur perte. Retour au monde des morts. Dénoncés, Requiem et Rébecca sont arrêtés par l’inspecteur Kurse, représentant de la police secrète. Alors que Rébecca est conduite au couvent des sœurs de sang, Heinrich est livré à Black Sabbath qui voit en lui le moyen de renverser Dracula. Mais pour cela, il faut qu’il arrive à maîtriser Thurim, le marteau légendaire.
Sixième opus de la série, moins orienté action que son prédécesseur et dans lequel l’intrigue générale progresse à grands pas. Dénoncés, Rébecca et Requiem sont séparés, tandis que la précédente incarnation de celui-ci le rattrape, et que son rôle dans le complot qui se met en place contre Dracula se dessine peu à peu. Les antagonismes réels se dessinent également un peu plus, et on entre dans la première phase du complot visant à destituer Dracula, les instigateurs de ce complot levant le voile sur leurs intentions et leurs plans.
Le dessin de Ledroit est toujours aussi impressionnant, alliant une maîtrise impressionnante de la mise en page à un dessin incisif et baroque à souhait, en cela que la surcharge est le maître mot de son style. Surcharge donc, mais pour autant lisibilité, car l’ensemble contribue à l’ambiance apocalyptique de la série et montre un souci constant du détail et du rythme. La double personnalité de Requiem, dans lequel Thurim prend de plus en plus d’importance, même si Heinrich est encore largement présent, ressort véritablement bien au niveau pictural, l’auteur faisant évoluer intelligemment les traits de son personnage.
Les apports au mythe du vampire son peu nombreux dans ce nouvel opus, si ce n’est qu’ils donnent des informations sur les mœurs hiérarchiques de l’autre-monde. En effet, en tant que maître des vampires, Dracula possède un droit de premier sang sur les prisonnières de guerre, notamment les lémuriennes. L’importance de l’opium noire pour la survie du royaume vampirique apparaît toujours au cœur des préoccupations du chef de Nécropolis. Par ailleurs, la vision du cycle des résurrections/incarnations qui semble être au cœur du fonctionnement du monde des morts se précise davantage. Mais pour ce qui est des vampires a proprement parler, rien n’apparaît ici qui n’ait été dit dans les précédents albums.
Au final un sixième album magistral, après la parenthèse très orientée action du précédent album, qui poursuit le récit tel un récit épique, captivant le lecteur d’un bout à l’autre de l’album, le laissant en plein suspense. Tout est ici présent pour contribuer à faire de Requiem chevalier vampire un cycle fantastique sombre, décalé et incomparable.