Après avoir été mordu par Dracula, Batman s’est transformé en vampire, mais il a été neutralisé par Alfred et le commissaire Gordon qui lui ont planté un pieu en plein coeur. Malheureusement, un nouveau groupe de criminels a envahi Gotham et seul le Chevalier Noir est en mesure de les arrêter. Batman parviendra-t-il à se défaire de Pile-ou-Face et Killer Croc sans devenir un monstre par la même occasion ?
Voici enfin venu ce troisième opus de cette mini-série Elseworld qui voit Batman se transformer en créature de la nuit sous les crocs de Dracula. Batman, devenu vampire et annihilé par Gordon et Alfred, repose maintenant dans un cercueil, seul un reste de conscience l’empêchant de disparaître définitivement de la surface de la terre. La vague de criminalité qui submerge peu à peu la ville voit le commissaire et l’ancien majordome prendre la décision de redonner vie au justicier, avec tout le danger que cela peut comporter. Car Batman est maintenant une créature de la nuit, ne faisant plus qu’un avec cette chauve-souris qui ne faisait autrefois que symboliser le super-héros qu’il était. Batman va rapidement faire cavalier seul, dépassant les attentes de ses anciens alliés, et réduire à néant les différents vilains qui vont se dresser sur sa route, n’hésitant pas à leur arracher la carotide pour s’abreuver de leur substance vitale.
Doug Moench joue à merveille avec l’univers initialement jalonné par Bob Kane. Il dresse le portrait d’un redresseur de torts déjà connu pour l’aspect extrémiste de sa quête de justice, une quête de justice qui tire sa source dans la vengeance. Moench va plus loin, transformant réellement Batman en un monstre sanguinaire qui éprouve d’autant plus de mal à accepter les déviances qui font maintenant partie de lui, et ce besoin irrépressible de boire du sang. On retrouve ici avec plaisir le panthéon des ennemis habituels du justicier de Gotham, de Killer Croc à L’épouvantail en passant par Poisin Ivy, mais ils ne sont finalement présents ici que pour montrer la bestialité dans laquelle Batman se confond peu à peu.
J’étais peu réceptif au dessin de Kelley Jones pour les deux premiers opus, que je trouvais un peu daté, notamment à cause de sa colorisation qui me rappelait trop les défauts de la série Sandman. Ce troisième opus est nettement meilleur à ce niveau, le basculement de Batman dans la sauvagerie collant très bien avec les traits acérés et les libertés prises par le dessinateur avec la physiologie humaine, qui donne à ses personnages un côté tortueux aussi lugubre qu’effrayant. La couleur est bien plus moderne, sans pour autant tomber dans les défauts de la couleur par ordinateur. Elle colle bien à l’ambiance et amène parfaitement les différentes ambiances, jusqu’à ce final apocalyptique dans les ruines du manoir Wayne.
L’aspect vampirique de ce troisième opus n’est pas en reste. Batman est maintenant devenu une créature de la nuit à part entière. Rendu immobile par un pieu fiché dans son coeur, il sera libéré quand Alfred retirera le pieu. Dès lors, Batman n’aura de cesse de s’abreuver du sang de ses anciens opposants, reposant durant la journée dans un lieu connu de lui seul. Il possède maintenant de nombreuses facultés paranormales, comme celle de se déplacer à très grande vitesse ou de se transformer en chauve-souris. Il semble néanmoins craindre la morsure du soleil.
Un troisième opus franchement réussi qui monte encore d’un cran l’horreur pour le rideau de cette minj-série qui voit le héros chauve-souris finalement ne faire plus qu’un avec la créature qui lui a inspiré son costume. Doung Moench et Kelley Jones, après un tome que j’avais un peu moins apprécié que le premier, se paient le luxe de clore de très belle manière cette saga. Le dessin est à mon sens bien plus accrocheur que celui des deux premiers opus, et colle parfaitement à l’ambiance désespérée.