Au sortir des derniers événements, l’Empereur de San Francisco pensait sa ville sauvée : les deux flics et les Animaux s’étaient partagé le blé issu de la revente d’œuvres d’art appartenant à un vampire multimilénaire.
Seulement voilà, quand les Animaux ramènent d’une tournée à Las Vegas une pute bleue qui a passé la date de péremption, quand Tomas C. Flood paraît quand-même anormalement pâle, malgré la crème à bronzer, quand un grand matou rasé se promène avec un joli pull-over rouge alors, l’Empereur de San Fransisco ne peut plus ignorer que quelque chose se passe…
Ce deuxième opus des aventures de Thomas C. Flood et Jody Stroud ne perd rien de ce qui faisait le charme du premier et notamment les personnages, dont aucun ne disparaît, même pas Rivera et Cavuto rêvant, depuis qu’ils sont riches, de prendre leur retraite et de monter leur librairie.
On en apprend plus sur le mystérieux étudiant chinois qui prétendait pouvoir retransformer Jody en humaine et on constatera tout l’amour que porte un vampire vieux de plusieurs milliers d’années aux ensembles survêtements aux couleurs acidulées.
Mais il est un personnage qui apporte une saveur particulière nouvelle au style dérangé de Moore, à travers son journal intime d’ado goth féroce et sucré, névrosé et « kawaï », rythmé par des gorgées de mocaccino-lait-de-sojà allégé avalées dans un Starbucks : il s’agit d’une gamine timbrée vêtue d’un tee-shirt sérigraphié à l’effigie du poète Baudelaire.
C’est un de mes personnages préférés de Moore, si l’on excepte Coyote*, bien entendu : dans le genre fille déglinguée, l’ex-actrice porno du Lézard lubrique** était à peine plus déjantée que notre petite fumeuse de clous de girofle goth. Une nouvelle voix qui apporte vraiment une dimension intéressante pour ce second tome qui aurait, sinon, pu paraître un peu répétitif par rapport au premier. En espérant encore un peu plus de sang frais pour la (/l’éventuelle) suite de la série…
Côté mythe, rien de bien nouveau, si ce n’est que les spécificités surnaturelles des vampires sont mises en scène dans des situations parfaitement loufoques et que Moore a surement maté Blade.
A lire de toute façon.
*Un Blues de Coyote, Gallimard, 1999
**Le Lézard lubrique de Melancoly Cove, Gallimard, 2002
J’ai connu Christopher MOORE avec l’excellent "saut de l’ange", je me suis offert "l’agneau" et je compte bien lire ses bouquins, y compris "d’amour et de sang frais". Il est déjanté, humoristique et souvent ses histoires sont fendardes 😀
Vivement que je m’y plonge !