Merit est issue d’une famille dans laquelle elle ne se sent pas particulièrement à l’aise. Vénal et calculateur, chaque membre de cette famille semble être son opposé, elle qui ne vit que pour le romantisme de la littérature qu’elle étudie. Elle partage son temps entre ses cours et sa meilleure amie, avec qui elle vit, à Chicago où les vampires ont révélé leur existence. Un soir, elle est presque laissée pour morte par un vampire, puis sauvée par un autre, qui n’a d’autre solution pour la garder en vie que la transformer. Commence alors pour elle un éveil vers une vie nouvelle, entre nuit et mort, un parcours semé d’embûches que son caractère fort a bien du mal à accepter. D’autant qu’elle ne sait pas si elle peut faire confiance à celui à qui elle doit la vie, Ethan Sullivan, un des rares Maîtres Vampires, seuls autorisés à convertir des novices et à qui elle doit jurer fidélité.
A ce stade de l’histoire, on pourrait ne voir que les similitudes avec l’histoire de Sarah Dearly. Vampires, sorciers, métamorphes, jeune héroïne vampirisée flanquée d’une copine à la couleur de cheveux improbable, vampire puissant, au charme ravageur mais si mystérieux… Certes, les points communs sont légion.
Heureusement, l’auteur a su rebondir pour créer sa propre histoire, où l’interaction avec les humains est plus importante. Les vampires sont sortis du placard et on en sait plus sur leur organisation. C’est un monde dans le monde et donc une politique à comprendre et à gérer. En cela, l’histoire déjà est intéressante.
Les personnages sont aussi attachants. Différents, ils sont complémentaires. Alors que Merit a un abord plutôt calme et réservée, son amie est plus extravertie. Sullivan est froid et mystérieux quand Morgan est souriant. Bien sûr, tous sont hyper sexy, sauf le petit jeune métamorphe, mais on met cela sur le compte des restes de son adolescence ! Le style de l’auteur est agréable. L’histoire est racontée du point de vue de Merit est on est forcé de s’identifier à cette jeune femme de 25-30 ans qui découvre, en même temps que nous, le fonctionnement du monde vampire.
Un monde organisé en maison, chaque maison ayant un Maître, seul autorisé à créer de nouveaux vampires. Un monde également organisé autour d’un Présidium, instance mondiale supérieure vampire, et régi par un code pointilleux : le canon.
Des vampires ne respectant pas ce code existent bien entendu, mais ce sont des solitaires, des marginaux dont on se méfie, dont les humains ne savent rien. La cohabitation entre humains et vampires est aussi un sujet bien senti, car elle est perçue de manière différente, certes, mais pas si éloignée de celle de True Blood. La porte parole est toujours une jeune femme sexy, qui se révèle toujours calculatrice !
Les vampires de Chicago sont à la croisée des chemins de nombreuses histoires vampiriques. Des ingrédients issus de nombreuses références se trouvent dans les pages, mais l’auteur a su gérer ses dosages de telle sorte que l’on obtient jamais une resucée, mais plutôt une recette originale, bien qu’avec des ingrédients connus.
Tout comme l’histoire, les vampires en eux-mêmes subissent l’influence de courants différents : comme les vampires des origines, ils ne supportent pas le soleil et vivent donc la nuit, mais ne dorment pas pour autant dans un cercueil. Ils se nourrissent bien sûr de sang humain, mais choisissent de le faire à la source consentantes ou par le biais de poches venant de donneurs volontaires. Pourtant, ils se nourrissent également de toutes sortes de nourritures terrestres et l’appétit de Merit est même remarquable ! Enfin, s’ils sont considérés comme des immortels, leur cœur continue de battre et leur état est expliqué comme une modification génétique.
D’une lecture agréable, le premier tome des Vampires de Chicago n’invente rien, mais réinvente de façon assez convaincante les tendances vampiriques de ces derniers temps. Quelques clichés sont bien sûr toujours présents, mais en règle générale, l’histoire se tient. La fin est certes peut-être un peu précipitée par rapport à la montée en puissance graduelle de l’intrigue, mais on commence de suite le tome 2 avec l’extrait du premier chapitre que Milady nous fournit toujours ! De fait, on se prend très vite à penser déjà à la nouvelle intrigue. Une lecture qui, sans être révolutionnaire, n’en est pas moins rafraîchissante. Peut-être le tome deux sera même, s’il tient ses promesses, un peu enivrant !
Merit a 27 ans lorsqu’elle rejoint le monde de la nuit. Mais si les vampires ont fait leur coming-out quelques mois plus tôt et que certains meurent d’envie de grossir leurs rangs, ce n’était pas son cas. Elle n’a jamais désiré embrasser l’éternité, et elle se réveille transformée contre son gré après avoir été agressée. Son sauveur, et accessoirement nouveau Maître, est de plus aussi séduisant qu’agaçant, et lui offre une vie dont déjà elle se serait bien passée, mais dont elle n’est pas du tout sûre de vouloir.
Dire adieu au soleil, à l’université, aux matchs des Cubs et à plein d’autres avantages serait bien assez pénible sans devoir en plus prêter allégeance à un être qu’elle juge autant insupportable qu’attirant, et qu’elle devrait appeler Sire en courbant l’échine. Acceptera-t-elle de se plier aux règles, ou va-t-elle continuer à se rebeller et s’exposer ainsi au bannissement de sa Maison ? Des questions auxquelles elle devra trouver des réponses tout en restant en vie, car la personne qui a attenté à ses jours d’humaines semble bien décidée à s’en prendre également à ses nuits d’immortelle.
Les Vampires de Chicago est mon coup de cœur de l’été. L’histoire est sympathique, et même si elle ne casse pas de brique elle tient tout du long sans s’essouffler, le style est charmant, l’humour est présent, et le mélange est extrêmement bien maîtrisé.
Merit est une nouvelle vampire au caractère bien trempé, mais pas caricatural. Elle devra apprendre à jongler entre ce qu’elle veut, ce qu’elle aurait voulu, et ce qu’elle va devoir faire pour survivre à son immortalité. Le personnage principal est très attachant, et il est secondé d’une ribambelle d’autres qui n’ont rien à lui envier. Ils sont tous autonomes, ont tous une personnalité propre, et personne ne se marche dessus, même si souvent ils se frittent. Des suceurs de sang aux sorciers, en passant par les muteurs, les nymphes, et les faes, c’est toute une population surnaturelle qui prend vie et nous entraîne dans la ronde. Bien qu’il n’y ait à proprement parler rien de novateur dans les idées et les thèmes abordés, rien ne fait cliché, rien ne détonne, et tout sonne juste, de par la simplicité de l’exposition des faits.
Dans les Vampires de Chicago, les vampires sont regroupés en maisons, 9 en tout, dont 3 à Chicago. Il y a un maître, des gardes, et c’est tout une organisation interne à maîtriser lorsqu’on rejoint leurs rangs. Ils sont allergiques au soleil, comme le dit Merit, mais, s’ils se nourrissent de sang, ils consomment également de la nourriture « normale », pour le grand plaisir de notre héroïne, qui est un estomac sur pattes. Pour les tuer, un bon pieu en pleine poitrine fera l’affaire. Sinon, ils sont plus rapides, plus forts, guérissent rapidement, et leurs yeux prennent une teinte argentée quand ils ont soif ou excités…
Cette série est une vraie bouffée d’air frais dans un paysage Bitlit qui me semblait un peu trop terne récemment. Elle me ferait presque revenir sur ma position concernant la nouvelle politique de la maison (un tome par mois… ***) tellement j’attends la suite avec impatience.
Tout ça pour dire: amateurs de Bitlit, foncez les yeux fermés. C’est peut-être marqué VC sur la tranche, mais les Vampires de Chicago, c’est loin d’être de la merde.