Harry Hole coule des jours paisibles auprès de sa femme Rakel et du fils de cette dernière, Oleg. Il a quitté le service actif et donne des cours à l’école de police. Mais quand deux jeunes femmes sont coup sur coup retrouvées mortes et vidées de leur sang, portant des blessures étranges, ses anciens supérieurs lui demandent de leur apporter son aide. Non sans lui forcer quelque peu la main. Rapidement, il découvre que celui après qui il court est en fait une vieille connaissance : il s’agit d’un suspect qui lui a échappé voilà des années, et s’est fondu par la suite dans la nature.
Si je connais le nom de Jo Nesbø depuis bien longtemps, c’est la première fois que j’ai l’occasion de me pencher sur un des romans de l’auteur norvégien. Lequel a bénéficié d’une campagne marketing mettant particulièrement en valeur les aspects vampiriques du récit, et la confrontation entre ces derniers et Harry Hole, le personnage fétiche de l’auteur. Décidément, après la republication de la première traduction norvégienne de Dracula, l pays et les vampires semblent en pleine lune de miel.
Que l’on connaissance ou pas l’univers de Nesbø, il faut avouer que ce dernier sait poser une ambiance. Dès les premiers chapitres, le lecteur se retrouve embarqué dans un thriller particulièrement prenant, belle démonstration du savoir-faire nordique en la matière. Et si j’ai un temps eu l’impression d’avoir entre les mains un récit relativement classique, basé sur des poncifs (à commencer par son personnage central), difficile de nier que l’auteur sait ménager ses effets et jouer avec son lecteur. Chaque introduction d’un nouveau personnage (ou nouveau développement le concernant) est susceptible de semer le doute dans l’esprit de celui qui tient le livre entre ses mains. Et quand l’enquête semble s’achever, alors qu’il reste encore un volume non négligeable de pages, on sait déjà que le dossier n’est pas refermé. Certes, l’auteur, en toute connivence avec le lecteur, a semé des éléments qui amorcent cet état de fait au préalable. Mais la reprise impulse un rythme particulièrement soutenu qui ne laissera pas le lecteur indemne.
Côté vampirique, Nesbø choisit de mettre en scène un tueur en série atteint d’une pathologie dite «vampiriste». Ce faisant, il convoque les grandes figures du crime associées aux buveurs de sang, en tête John Haigh. Il met ainsi au centre de l’enquête d’Harry Hole la question de l’obsession meurtrière pour le sang, et la ponction de ce dernier à même les victimes. Ce pour quoi son tueur utilise une mâchoire de métal, qui lui facilite la tâche pour accéder au précieux liquide. En donnant la voix à un psychologue spécialisé sur ces pathologies, Nesbø offre une lecture quasi scientifique des pulsions de ce dernier (tout en donnant une crédibilité à son approche). Et sans même parler du vampire, le sang est également un élément central du récit. En tant que composé organique, c’est lui qui permettra plusieurs fois aux enquêteurs d’avancer. Mais le sang en tant que symbole filial est également un élément récurrent de cette nouvelle enquête. On est donc indubitablement face à un roman à forte teneur vampirique, même s’il ne s’agit pas de créatures surnaturelles.
Pour une première lecture de Jo Nesbø, je dois dire que je me suis fait surprendre. Si les premiers chapitres m’ont un temps donné l’impression d’être face à un texte standardisé, le sens du rebondissement de l’auteur et son jeu sur l’implication possible des différents protagonistes ont finit par me faire oublier mes a priori. Redoutable !
A noter un passionnant entretien avec l’auteur sur France Culture :