Alors que le règne de Dracula sur le Royaume Uni dure depuis dix ans, et qu’il vient d’infliger une lourde défaite à ses opposants continentaux, le gouvernement demande à Pénélope Churchward d’organiser le Jubilée qui doit marquer cet anniversaire. Dans le même temps, Kate Reed, qui a intégré un groupuscule anarchiste nommé le Conseil des Sept Jours, échappe de peu à une arrestation. Avec elle, seule une partie seulement des révolutionnaires parviennent à s’échapper. Contactée par la fille du Seigneurs des morts étranges, Kate découvre qu’un traître a infiltré leur organisation.
Anno Dracula 1895 : Seven days in mayhem est une nouvelle itération du Anno Dracula de Kim Newman. Alors que l’auteur progressait jusque-là chronologiquement (époque victorienne, première guerre mondiale, dolce vita…), ce nouvel arc s’intercale avant le roman d’origine, et se focalise sur deux des protagonistes originaux : Kate Reed et Penelope Churchward. L’une a choisi l’ombre, et est du côté des opposants à Dracula, l’autre est davantage du côté du pouvoir, et essaie de se faire remarquer par Dracula et son gouvernement.
Une fois de plus, Kim Newman démontre sa maîtrise de l’époque, notamment du côté des références littéraires rattachées à l’ère victorienne et au début du XXe siècle. On trouve ainsi au fil du récit des protagonistes échappés de Joseph Conrad, d’Henry James, de G.K. Chasterton, d’Arthur Conan Doyle, de Saxe Rohmer, de Louis Feuillade… . Pour autant, on peut totalement apprécier la lecture de l’histoire sans connaître l’ensemble des textes d’origines (même si les connaisseurs apprécieront le traitement que l’auteur fait subir à ses personnages, les intégrant à son univers tout en restant fidèle à leur fortune littéraire et/ou cinématographique). Kim Newman veille également à maintenir une certaine cohérence avec le reste de son univers. De fait les lecteurs qui suivent ses publications pourront aisément trouver des liens avec la série Anno Dracula, mais aussi avec The Hound of the d’Urbervilles et Angels of Music.
Côté dessin, Paul McCaffrey a notamment travaillé sur les dernières séries Teenage Mutant Ninja Turtle. Il s’agit cependant d’un auteur assez jeune dans le monde du comics, sa première publication semblant remonter à 1999. Pour cette mini-série, il officie aussi bien au dessin qu’à la couleur, et signe les couvertures. Et si on peut reprocher à son style d’être un peu statique, l’ensemble est d’une grande homogénéité et ne manque pas de charme. Le trait est précis et appuyé, et la qualité ne varie pas d’un iota entre le premier et le dernier numéro. Mention spéciale sur les couvertures, où son style fait des merveilles.
Côté vampire, on retrouve ici l’univers posé par l’auteur dès son premier Anno Dracula. Les vampires ont tous en commun de devoir boire du sang pour survivre, et de trouver du plaisir à se nourrir ainsi (du moins pour la majorité d’entre eux). Néanmoins, leurs pouvoirs varient fortement en fonction des lignées. Ainsi Nosferatu semble commander aux petits animaux, comme les rats ou les insectes, alors que la princesse Casamassima émet une lumière forte qui blesse ses opposants (mais pas elle). Les vampires sont également présentés comme pouvant être tués si on leur enfonce un pieu dans le cœur, où si on les tuent avec des armes en argent.
Comme toujours, c’est un vrai plaisir de retrouver l’univers d’Anno Dracula, et de se frotter aux nombreuses références dans lesquelles l’auteur prend à malin plaisir à puiser. En espérant qu’il y ait un jour ou l’autre une nouvelle mini-série, mais cette première du nom est déjà très réussie.