Le père de Théo tient un magasin de costumes dont la fréquentation ne désemplit pas, à l’approche d’Halloween. Le petit garçon regrette cependant que les déguisements des monstres classiques ne trouvent plus preneur, les acheteurs se ruant sur les masques des tueurs en séries et monstres récents du cinéma. Théo découvre que Frankenstein, Dracula, La Momie et les autres végètent, reclus dans une demeure gothique. Tout sont persuadés que leur temps est passé, mais c’est sans compter leur fan numéro 1 qui entend bien les faire revenir sur le devant de la scène.
Steve Niles n’en est pas à sa première histoire autour de la figure du vampire. On lui doit des comics emblématiques sur le sujet, comme 30 jours de nuits ou Criminal Macabre, mais aussi des œuvres moins connues telles que Transfusion, avec Menton3. Ici associé à Butch Adams (dont ce semble être la première publication), il image le panthéon classique des monstres d’horreur mis au placard. Les figures du slasher et autres tueurs modernes semblent avoir pris l’ascendant sur Dracula, Frankenstein, La Momie, La Créature du Lagon et les autres. Mais un petit garçon va aider ses « héros » à reprendre confiance en eux et retrouver de leur superbe.
Le pitch est amusant, et Niles maitrise assez le sujet pour confronter efficacement le cinéma fantastique d’antan avec ses variations plus modernes (où on sent pointer des références comme Hellraiser, Massacre à la Tronçonneuse…). Ce n’est certes pas l’histoire la plus réussie du scénariste, mais elle souligne son attachement à ses figures passées, en démontrant qu’ils sont encore capable de faire peur aujourd’hui.
De mon point de vue, le dessin de Butch Adams est le maillon faible de l’album. L’ensemble est beaucoup trop hétérogène, tout en rappelant parfois Ben Templesmith (même si ça peut faire sens à certains moments). Les cadrages sont fouillis, la mise en couleur pas toujours très heureuse. Néanmoins, il y a dans son dessin une preuve de respect pour ses personnages, notamment Frankenstein, moins cliché que Dracula.
La manière dont Dracula est mis en scène participe de cet état de fait. Dans ses premières rencontres avec Théo, ce qui est mis en avant du personnage, c’est son accent épouvantable, le fait qu’il dorme pendu la tête en bas, etc. A l’instar de ses confrères, la manière dont il est représenté une fois qu’il a retrouvé confiance en lui lorgne vers le style d’un Ben Templesmith (et donc de 30 jours de nuits). Niles semble se citer lui-même (aidé par Butch Adams, l’illustrateur), et montrer que comme les autres créatures d’horreur, le vampire est toujours capable de faire peur aux lecteurs ou spectateurs, comme il a déjà eu l’occasion de le prouver. Du vampire, on verra plusieurs pouvoirs mis en scène dans l’histoire, à commencer par son pouvoir d’hypnose. Mais une fois en pleine possession de ses pouvoirs, on verra que le comte est aussi capable de se transformer en chauve-souris et de faire preuve d’une vitesse surhumaine.
Une minisérie amusante, qui voit les figures du panthéon horrifique prendre l’ascendant sur leurs pairs plus modernes. Pas la meilleure histoire de Steve Niles, d’autant que le dessin manque d’homogénéité, mais l’ensemble part d’une idée intéressante et offre une histoire cohérente.