Dans un monde dévasté où les rares humains se cachent, à la merci de robots avides de leur chair et de leur sang, William conduit un petit groupe de survivants dans ce qui semble être un champ de maïs encore comestible. Pourtant, la joie est de courte durée, car ils tombent rapidement dans une embuscade. William est alors rejoint par un groupe d’humanoïdes qui semblent bien le connaître. Car William n’est lui-même pas tout à fait humain.
A ce jour, je n’avais jamais eu l’occasion de tomber sur la production de Menton3, et c’est en m’intéressant au projet Tome de 44Flood que j’ai découvert son style si particulier, à la croisée des chemins entre Tsutomu Nihei (le créateur de Blame) pour les penchants biomécaniques et Ben Templesmith pour le côté très numérique du dessin. Dès lors, difficile d’être surpris quand on découvre que Transfusion est scénarisé par Steve Niles, comparse récurrent de Templesmith. Pour autant, on est ici assez éloigné des ambiances habituelles de Niles, qui opte avec cette mini-série pour une ambiance post-apocalytpique fort originale (même s’il y met en scène des vampires qui ont quelques ressemblances avec ceux de 30 jours de nuits).
On suit donc le personnage de William, déjà aux côtés d’humains à qui il semble indiquer un endroit où trouver de quoi subsister, puis avec son propre clan, qui cherche lui aussi à survivre. Ce qui s’est passé pour que le monde sombre dans le chaos ne nous est pas révélé d’emblée, les auteurs procédant par touches successives pour lever le voile. Du coup, si on est dans un premier temps un peu perdu, les révélations successives n’auront de cesse d’accompagner le lecteur jusqu’à un final à la mesure du parti pris graphique.
On apprend ici que des robots ont peu à peu établi leur domination sur le monde, se nourrissant des humains survivants, dont ils prélèvent la chair et le sang. Pour autant, les derniers vampires, qui se retrouvent donc eux aussi face à une pénurie de nourriture, se voient également condamnés, à moyenne échéance. Car le manque de sang les affaiblit peu à peu, même si les changements climatologiques, qui ont plongé la terre dans une noirceur quasi constante, leur permettent de se déplacer aussi bien en journée que la nuit. A l’image des vampires de 30 jours de nuits, ils ont la bouche bardée de dents acérées et semblent pouvoir être tués si on leur enfonce un pieu en plein coeur.
Une mini-série franchement captivante, que ce soit par la sobriété (et l’efficacité) de son scénario et par le style graphique de Menton3, bluffant.
Très originale cette idée de mélanger ces deux univers, vampires et robots, et surtout de plonger les vampires dans une histoire se passant dans le futur, et dans laquelle ce ne sont pas eux les plus grands dangers pour les humains.