Quelque part sur l’Atlantique, mars 1531 : Doña Gabriella de la Fuente accoste en Amérique latine pour y épouser Hernan Cortés. Moscou, janvier 1812. Armand Malachie recrute des mercenaires parmi l’armée napoléonienne en déroute pour l’aider à récupérer un trésor. Whitechapel, octobre 1885. Victor Douglas Thorpe est convoqué par un avocat pour se voir proposer un curieux héritage… Trois époques, trois visages du Mal, trois incarnations de Vlad Dracula Tepes. Dans leurs veines coule le même sang et pour cette raison, ils vont tous trois être engagés dans le duel fratricide qui dure depuis des siècles entre Vlad et Radu.
Après une précédente trilogie qui utilisait de manière très originale le personnage de Vlad Tepes, en le mettant en scène durant la seconde guerre mondiale, Fabien Nury a décidé de revenir à cet univers et de s’intéresser cette fois-ci aux prémices de Je suis Légion, en s’attachant aux pas de Vlad Tepes à partir de sa première mort. Une préquelle dont ce tome introductif est accrocheur, et nous permet de retrouver avec plaisir les deux frères ennemis à travers les siècles. Le lien avec la mythologie établie par Nury dans le cycle principal est bien utilisée, et permet à cet opus de s’intégrer sans soucis dans la chronologie et les codes déjà mis en place (la présence du tatouage de chacun des deux frères en tête).
Quatre dessinateurs se succèdent donc dans ce premier opus, pour prendre en main une des époques évoquées par Fabien Nury. Les mois qui ont suivi le meurtre de l’Empaleur, l’époque des conquistador, la campagne de Russie et l’Angleterre victorienne prennent ici vie sous les yeux du lecteur, avec à chaque fois une patte graphique marquée et réussie (je suis cependant un peu moins convaincu par la partie sur les Conquistador, dont le trait m’a semblé manquer d’homogénéité). Les couleurs sombres avec une présence accrue de tons carmins mettent en avant la violence au coeur laquelle évoluent les deux héros.
On est ici très éloigné du vampire classique, même si certains des caractéristiques et non incontournables sont évoqués (Vlad Tepes en tête). C’est ainsi à travers la morsure de leurs victimes que les deux frères semblent pouvoir les posséder, leur transférant ainsi leur conscience et en faisant de nouveaux hôtes. Pour le reste, on retrouve le mystérieux tatouage qui apparaît sur le corps des incarnations de Radu et Vlad, de même que leurs capacité à sentir la présence de l’autre.
Un premier opus plus que prometteur pour ce nouveau cycle, qui permet de retrouver l’atmosphère originale de Je suis Légion, et de découvrir les premiers siècles de lutte fratricide entre Vlad et Radu. Graphiquement efficace, l’ensemble n’appelle qu’une suite, 4 tomes au total étant prévus sur 2 ans.