Londres, 1885. Dans le manoir de Lord Cavendish, Victor Thorpe se trouve confronté à un dilemme cruel : il sera le seul héritier de sa fortune à la condition qu’il boive la coupe de sang qui se tient devant lui. Amérique du Sud, 1531. Dona Gabriella se laisse surprendre par les sentiments qu’elle ressent pour le fils de son futur époux, le conquistador Hernan Torres. Russie, janvier 1812. Le capitaine Armand Malachie entraîne des mercenaire à sa suite, soi-disant à la recherche d’un trésor fabuleux… Trois époques, trois visages du Mal, trois incarnations de Vlad Dracula Tepes. Dans leurs veines coule le même sang et pour cette raison, ils vont tous trois être engagés dans le duel fratricide qui dure depuis des siècles entre Vlad et Radu.
Le premier tome avait été une mise en bouche pour le moins alléchante, qui permettait de revenir aux sources de la lutte séculaire opposant Radu et son frère Vlad, lutte qui servait de cadre de fond à la série Je suis légion, déjà scénarisée par Fabien Nury. Lequel scénariste confirme les qualités du premier tome en poursuivant les différents arcs narratifs esquissés jusque-là, chacun mettant en scène une incarnation différente de Vlad… et de son frère Radu. L’ambiance est très sombre, les personnages pas vraiment des enfants de coeur, et c’est bien souvent l’envie, le désir et l’oisiveté des différents protagonistes qui permettront aux deux frères de poursuivre leur route. Même si, au moins dans le cas de Vlad, certaines de ses incarnations semblent à même d’influer sur la dureté de sa psychologie.
Si Matthieu Lauffray n’est ici plus présent, la couverture d’Alberti attire d’emblée l’oeil, et n’a rien à envier à celle de son prédécesseur (j’aurai même tendance à la trouver plus réussie). Lequel Tirso se charge de l’arc sur Victor Thorpe, et confirme son talent, la mise en couleur comme le dessin contribuant à l’atmosphère pesante et corruptive de cet axe narratif. Assez efficace dans son genre (même si moins accrocheur en ce qui me concerne), Mario Alberti reprend en main la partie sur les conquistador. Son trait est certes moins abouti, et la mise en couleur moins efficace que celle de Tirso, mais cette partie se laisse lire sans trop de mal. Reste la partie de Zhang Xiaoyu, que je trouve une nouvelle fois brouillonne, et dont le style graphique ne parvient décidément pas à me convaincre, d’autant que la mise en couleur n’est pas des plus réussie.
L’aspect vampirique est un peu plus présent que dans le précédent opus. L’arc centré sur Victor Thorpe permet ainsi à l’auteur de montrer comment Vlad et son frère Radu peuvent changer d’hôte, à travers le sang. Pour le reste, tout deux semblent à même de prendre le contrôle de créatures tierces, qu’il s’agisse d’humains ou d’animaux. Ils sont quasi-immortels (et peuvent ainsi encaisser des impacts de balles sans soucis), même si l’enveloppe qu’ils investissent peut être détruite.
Un deuxième opus de très bonne facture, qui brille par son scénario prenant et par la manière dont le scénariste joue avec les différentes chronologies. Le dessin est globalement réussi, si on excepte la partie confiée à Zhang Xiaoyu, qui peine à convaincre. Il n’empêche que les amateurs du cycle de base comme ceux de récits fantastiques travaillés y trouveront sans hésitations leur compte.