Nouvelle- Angleterre, Burlington… Pas de délinquance, élue la ville la plus paisible des États-Unis, bref, un petit havre de paix pour une sorcière condamnée à mort et bien décidée à vivre discrètement et clandestinement parmi les humains. Malheureusement, en arrivant ici, je me suis vite aperçue que la réalité était tout autre et qu’il y avait plus de démons, de vampires, de loups-garous et autres prédateurs que nulle part ailleurs dans ce foutu pays. Mais ça, évidemment, ce n’est pas le genre de renseignements fournis par l’office du tourisme. Maudit soit-il…
Traquée est un roman qui aurait tout pour plaire – de l’action, des idées intéressantes, des rebondissements à venir -, mais il ne m’a pas convaincue. Sorcière de guerre, maîtresse des 4 éléments et machine à tuer implacable, le personnage de Rebecca aurait pu être vraiment captivant. Surtout qu’elle est maman célibataire, d’une petite Leo qui n’est autre que la fille d’un vampire. Or, les vampires ne peuvent pas procréer. L’idée selon laquelle elle insuffle la vie à la mort même est vraiment très alléchante, et c’est un des concepts qui m’ont particulièrement plu. Mais, mais, mais…
Pour ses 26 ans, le moins qu’on puisse dire, c’est que devenir mère ne l’a pas rendue mature. Si seule l’héroïne avait ce trait de caractère, passe encore. Mais là, ce sont carrément tous les personnages qui ont l’air atteints. Beth, sa meilleure amie – loup-garou de 45 ans, prof à l’université -, est d’une puérilité parfois insupportable. Et c’est sans parler des semi-démons, potionneuses et autres chefs de clans, qui n’ont rien à envier à ce côté enfantin. Au final, plus on vit longtemps, plus on semble immature, dans le monde de Rebecca.
Le fait que ce soit une grosse dure à cuire pas forcément crédible n’aide pas. Elle doit retrouver le responsable des événements ? Soit, elle ira tout péter dans la ville, en se prenant pour le Bruce Willis des sorcières. D’accord, il lui faut des résultats, mais je n’ai pas été convaincue par ses manières de les obtenir. Et j’ai vraiment eu de la peine lors des passages où le duo gagnant Rebecca/Beth joue les caïds et enfreint des règles qui ne semblent être là que… pour qu’elles puissent les enfreindre.
La trame de fond, qui n’est pas très recherchée, aurait pu être bien suffisante, mais la plume est fade, et l’identification aux personnages est difficile – voire impossible. Rebecca jure comme un charretier (ce sont ses propres mots, parce que j’ai vu bien pire), et est une dure à cuire qui n’a rien à prouver à personne, super forte, et super belle. Sur le 4ème de couverture, on nous parle d’une héroïne à la hauteur d’Anita Blake. J’émets un doute. Si Anita a tout de la froideur et de l’implacabilité que notre sorcière est supposée posséder également, elle n’a pas l’immaturité qui colle au parfait petit derrière de Rebecca, comme tous les mâles de la ville.
Les vampires sont très présents dans ce tome. En effet, c’est un des clans que Rebecca va devoir aider contre son gré. Raphael, celui qui dirige la région, en est un très âgé, tout comme le père de la fille de Rebecca. Ils sont immortels, craignent la lumière du soleil et les crucifix, à part s’ils sont assez âgés. Certains anciens sont aussi capables de voler et de télépathie. C’est le cas de Raphael, notamment. Et, vu ses 2500 ans, il lui reste bien plus d’un tour dans son sac Louis Vuitton, même si on ne sait pas encore tout. Par contre, ils ont tous des goûts vestimentaires assez douteux. Les pantalons en cuir semblent vraiment à la mode. Seul le majordome m’a sincèrement plu, au contraire de Hope, vampire de quelques siècles aussi mature qu’une gamine de 12 ans dans une cour de récré, et dont le personnage ne sert – ma foi – à pas grand-chose. Leur société est régie par des lois, telles que ne pas se nourrir sur des humains, et ne pas révéler leur existence, et ils sont assez gentils pour les enfreindre, et donner du boulot à l’héroïne.
Traquée est un roman qui en séduira sûrement plus d’un, malgré les côtés négatifs que j’ai retenus. Les idées sont là, et le 2ème tome a un résumé alléchant, annonçant le retour du père de Leonora. Cependant, si vous attendez des protagonistes mûrs qui agissent avec une certaine logique et consistance, il se peut que vous partagiez mon avis.
À noter également que Cassandra O’Donnell ne semble pas avoir d’identité aux États-Unis, puisqu’aucun de ses tomes n’est disponible en anglais, et que les moteurs de recherche font chou blanc. Aucune mention de traduction, non plus. Alors Cassandra O’Donnell, existe, existe pas ? On pourrait trouver là une explication de l’héroïne française au nom anglophone et du style parfois approximatif du roman, qui manie mieux les idées qui marchent en ce moment que la ponctuation. Donc de là à se demander s’il s’agirait d’une commande auprès d’une jeune auteur francophone – le seul auteur existant mentionné dans les pages du livre étant une certaine Nathalie Gendre – afin de surfer sur la vague bitlit©, il y a un pas que, chez vampirisme.com, on est heureux de franchir.