Depuis que je suis devenue la tueuse attitrée de la communauté surnaturelle du Vermont, je n’ai plus une minute à moi : course-poursuite, exécutions, meurtres en série… Bref, je n’ai ni le temps ni l’envie de m’occuper de ma vie privée. Alors quand mon ex, Michael, un vampire aussi sexy que redoutable, a débarqué en ville, ça m’a un peu contrariée. Il faut dire que quand on se retrouve enceinte à seize ans et qu’on plaque son amant, on n’est généralement pas très pressée de le revoir dix ans plus tard et de lui annoncer qu’il est papa.
Du moins pas avant d’être passée faire le plein chez Joe, le marchand d’armes du coin.
Le tome 1 ne m’avait pas convaincue. Les idées étaient là, mais la réalisation ne suivait pas, à mon sens. La suite offrait un résumé alléchant, mais une seule page a suffi à confirmer mes craintes : pas de changements sous le soleil.
Les fonctions flambant neuves de Rebecca ne sont pas de tout repos, mais malgré ses remarques acerbes, elle prend un malin plaisir à dégommer tout ce qui se met en travers de son chemin. Alors quand une jeune louve est assassinée de manière aussi brutale que sadique, la voilà repartie dans une nouvelle enquête, que l’arrivée imminente de son ex ne fait rien pour rendre plus facile.
On retrouve donc une Rebecca fidèle à elle-même, ainsi que de nombreux personnages rencontrés dans le tome 1. Première déception : personne n’a changé, ni évolué. Comme dans le premier opus, l’intrigue est simple, mais suffisante à un bon moment de lecture, et les idées sont là. Mais le glaçage ne passe toujours pas.
Rebecca est plus immature que jamais. C’est une sorcière de guerre, elle répète à qui veut l’entendre qu’elle ne ressent pas d’émotions — même si elle s’aperçoit que ça commence en fait à être le cas —, mais son tempérament d’ado capricieux reste le même. S’il n’y avait qu’elle, soit ! Un héros immature et tête brûlée, ça peut faire un très bon héros. Mais là, comme dans le premier, ce sont tous les personnages qui souffrent du même syndrome d’adolescence surnaturelle. Beth n’est pas plus adulte qu’avant, Bruce toujours aussi petit garçon charmeur, les vampires – malgré leurs centaines (voire milliers d’années) d’existence n’ont pas plus de profondeur que les humains qu’elle croise et se comportent comme des pimbêches dans une cour de récré. Mark, le semi-démon et amant partiel de Rebecca, ne vient rien arranger, pas plus qu’Aligargh, le chef des muteurs, qui lui fait du chantage émotionnel pour obtenir un rendez-vous galant avec elle alors qu’un des siens est en train de passer l’arme à gauche et qu’il a été appelé pour le sauver. À force, on croirait presque que Rebecca est l’Assayim du lycée du Vermont.
À 26 ans, étant devenue mère à 16 ans, et étant une Vikaris, on s’attendrait à un personnage un peu plus posé, vu les épreuves qu’elle a déjà dû traverser. Pas nécessairement moins violent, ou plus fleur bleue, mais juste plus évolué. Tous ces éléments rendent malheureusement l’identification aux personnages très difficile, voire impossible.
Autre point à soulever : l’intrigue prend un chemin qui pourrait bientôt devenir un peu trop entendu. Rebecca a tout. Vraiment tout. Elle est d’une beauté incroyable — comme elle se plaît à le répéter au cas où le lecteur n’aurait pas remarqué que tous les mâles de la planète lui tournent autour—, c’est une sorcière de guerre qui maîtrise tous les éléments – du jamais vu —, elle est la Prima Vikaris — même si elle ne devrait pas puisqu’elle a été remplacée au sein de son clan —, mais en plus la prêtresse de l’Akhmaleone — fait ô combien rare —, elle rend la vie aux vampires — au point qu’elle arrive à en avoir des enfants et à les rendre jaloux à 2500 ans —, elle partage le Malaat avec un démon — chose qui ne peut arriver qu’entre deux démons —, un lien de meute avec Bruce — alors qu’elle n’est pas un loup… Je ne serais même plus étonnée, à ce rythme-là, que des cornes lui poussent en présence des démons et qu’elle se transforme en poney avec les muteurs. Il y a trop de révélations de ce type sur deux tomes pour que cela reste crédible, et cela revêt malheureusement, du coup, une apparence de facilité qui enlève encore du charme à l’histoire.
Dernier point négatif, et non des moindres : le style. Le texte ne semble pas bien maîtrisé par l’auteur. Les problèmes de ponctuation sont légion, tous les personnages semblent parler de la même voix — ils se tutoient et se vouvoient la ligne suivante, pour se tutoyer à nouveau à la prochaine phrase—, et des tirets de dialogues sont manquants, quand ce n’est pas le même personnage qui en a deux pour une même phrase. Certaines tournures sont très maladroites, les répétitions nombreuses également, et il y a encore bon nombre de fautes d’orthographe et de frappe. Tout cela donne un effet de texte pas assez soigné qui est, ma foi, fort dommage, et ne fait que souligner les autres problèmes.
Les vampires de ce tome sont fidèles au précédent. On rencontre l’organisation, cette fois-ci, et non plus des membres isolés. À part le fait que le sang de Raphael peut conférer une partie de ses pouvoirs à un de ses semblables pour un court laps de temps, rien de plus ne vient étayer le mythe, qui était déjà bien abordé dans Traquée. Mais certaines révélations devraient se faire dans les prochains livres, vu que Raphael ne semble pas être un vampire conventionnel lui-non plus.
C’est donc un deuxième « dommage » pour Pacte de Sang. Les bases sont là, mais le texte n’est pas assez travaillé, autant dans sa forme que dans son fond. Comme pour le premier opus, je suis sûre qu’il plaira à beaucoup, notamment tous ceux qui ont aimé le 1, mais j’en attends plus d’une série qui a de bonnes idées, car elles ne font pas tout. Il faut que l’écriture suive, que les personnages soient crédibles, qu’ils aient du relief… et Rebecca Kean n’a pas encore ces qualités à mon sens.